Cristof Yvoré – Pots, lapin, fenêtres, fleurs – Du 28/06 au 22/09 – FRAC Provence-Alpes-Côte d’azur

Cristof Yvoré – Pots, lapin, fenêtres, fleurs – Du 28/06 au 22/09 – FRAC Provence-Alpes-Côte d’azur

Exposition « Pots, lapin, fenêtres, fleurs » de Cristof Yvoré du 29 juin au 22 septembre 2019 en partenariat avec le Frac Auvergne, Kunsforum der TU Darmstadt et la galerie Zeno X, Anvers.

Vernissage le 28/06/2019 à 18h

Donner à voir aujourd’hui au public l’oeuvre de Cristof Yvoré à Marseille, Clermont-Ferrand et Darmstadt, ce n’est pas simplement mettre en avant une dynamique partenariale vertueuse entre trois institutions publiques et la Galerie Zeno X à Anvers, fidèle soutien et promoteur de l’oeuvre de l’artiste, c’est avant tout la nécessité de témoigner de la vitalité d’une peinture qui a su se développer et trouver son autonomie en dehors de tous les effets de mode, en toute discrétion, mais avec opiniâtreté.

Nul désir de rendre hommage à un artiste trop tôt disparu en 2013, nulle volonté commémorative ni nostalgie dans cette belle entreprise collégiale, mais une évidence à partager : celle d’une peinture toujours vivante et qui a encore beaucoup de choses à nous apprendre.

« Toucher la peinture »

Organiser aujourd’hui trois expositions monographiques en France et en Allemagne, avec le soutien de la galerie Zeno X en Belgique, c’est aussi convoquer trois pays, trois scènes artistiques qui furent et sont toujours des territoires fertiles pour ce médium millénaire. Encore trop méconnu, Cristof Yvoré a su très tôt développer son travail en marge de toute reconnaissance institutionnelle. Il aura fallu attendre l’année 2012 pour que le Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur soit la première institution publique française à acquérir trois peintures suite à la visite de son comité technique dans l’atelier de l’artiste à la Belle de Mai. Que de souvenirs et d’images, de cet univers si personnel, laboratoire de toutes les recherches en une quête incessante, et souvent insatisfaite du geste juste et précis. Une peinture du labeur aussi, de l’éternel recommencement, sans concession et sans confort, se remettant perpétuellement en cause et en danger, sans relâche ni compromission, dans la solitude de l’atelier avec pour compagnon de route une solide connaissance de l’histoire de la peinture et sa complice compagne Valérie Bourdel, peintre tout comme lui, et commissaire associée aujourd’hui de cette belle aventure.

Nombreux sont les artistes, de générations différentes d’ailleurs, à avoir été toujours curieux de ce travail, à se passionner pour l’homme et sa démarche artistique exigeante, tant cette peinture dégage une énergie vitale et intemporelle de plus rares et des plus fascinantes. Cristof Yvoré parlait peu mais travaillait avec acharnement. Il fallait être dans le faire, travailler sur plusieurs toiles simultanément, les laisser reposer puis les réattaquer, les convoquer au mur de l’atelier tout en affichant sur ce même mur et dans une grande proximité, telle ou telle reproduction de tels tableaux d’artistes toutes époques confondues, avec une certaine idée universelle de la peinture. Des dessins aussi, dans un permanent questionnement d’un détail, d’un motif, des notes griffonnées ici et là, des carnets sans qualité apparente mais au combien si précieux, une recherche à l’oeuvre dans ses multiples retranchements pour ne pas céder à la facilité d’un geste parfaitement maitrisé, passant du dessin à la peinture, de la peinture au dessin, avec la même jouissance et concentration.

Du temps aussi, il en fallait pour chercher, trouver et juger de l’intérêt de telle ou telle peinture. Cette exigence de tous les instants, elle se nourrissait de ses doutes, de ses errances et de ses fréquentations. Regardeur hors pair, il savait se nourrir d’un détail, d’un fait divers, d’une situation trouvée, d’une actualité culturelle foisonnante entre Paris et Marseille, son espace vital, sa zone de repli. Il y avait souvent peu de peintures à voir dans l’atelier mais même lorsque les murs étaient vides, désertés, on sentait la présence de la peinture, de ses ingrédients, de ses outils comme de ses traces, ultimes témoignages de l’acte accompli. Les peintures ne restaient jamais très longtemps dans l’atelier, elles étaient toujours en instance de départ pour un ailleurs toujours plus lointain. C’est bien le propre d’une peinture universelle que de voyager sans explications de texte, libre de ses mouvements et de ses destinations tout en restant captivante, envoutante, fascinante, sans jamais céder à la facilité, à la séduction et à la tentation du discours.

Quiconque aura l’heureuse imprudence de voir ces expositions saura ce qu’offre l’expérience de la peinture de Cristof Yvoré. Une expérience personnelle et universelle nourrie d’émotions, de ressentis pour se mettre à l’abri de l’agitation du monde tout en nous invitant à prendre le temps de regarder et parfois de comprendre ce que peindre veut dire aujourd’hui. Le temps d’une escale à Marseille, Clermont-Ferrand ou Darmstadt, goûter au doux plaisir de se laisser happer par un riche répertoire pictural, de mettre en sommeil références et citations pour éprouver la peinture de Cristof Yvoré silencieusement, sans bavardage et parasitage en tout genre. Une belle occasion de revenir sur cette oeuvre unique, riche et touchante de sincérité, affranchie de tout dogme, non sans provoquer une onde émotionnelle certaine qu’il est grand temps de partager aujourd’hui.

Pascal Neveux, mars 2019

Cristof Yvoré, Sans titre, 2009, huile sur toile, 44,5 x 57,5 cm. Photo Peter Cox. Courtesy Zeno X Gallery, Anvers.
Cristof Yvoré, Sans titre, 2009, huile sur toile, 44,5 x 57,5 cm. Photo Peter Cox. Courtesy Zeno X Gallery, Anvers.

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