Matthieu Boucherit – Bis – 14/11 au 14/12 – Galerie Valérie Delaunay, Paris
Exposition personnelle Bis de Matthieu Boucherit à la Galerie Valérie Delaunay, Paris du 14 novembre au 14 décembre 2019.
Vernissage le jeudi 14 novembre de 18h30 à 21h.
La petite musique du pouvoir n’adoucit pas les mœurs. Observateur incrédule des mécanismes de l’autorité, Matthieu Boucherit livre une critique silencieuse des rapports de domination, de contrainte et d’influence qui structurent en commun les mondes de l’art et de la politique. Inspiré par le film Répétition d’orchestre ( Prova d’orchestra ), dans lequel Fellini file l’analogie entre l’ensemble musical et le groupe social , le plasticien fait du chef d’orchestre un possible archétype du despote , qui impose sa cadence d’une main de maître et chorégraphie sa gouvernance autocrate. Figure ici figée et muette, elle lui permet de mettre en crise la représentation du pouvoir en sapant à la racine les conditions d’expression de l’autorité, évoquées de trois manières dans le titre polysémique de l’exposition . « Bis » est avant tout une référence au si bémol qui sert à accorder les cuivres d’un orchestre , elle évoque la performativité du geste prescripteur , propre à tous les gouverneurs. Des ensembles de s culptures et de matrices de sérigraphie textile travaillent en ce sens la gestuelle impérative du maestro ou du politicien pour mieux penser ensemble la dynamique de l’ordre et le corps de celui qui le donne. « Bis » renvoie en deuxième lecture à la répétition par laquelle on réifie les subalternes, qu’ils soient sujets, citoyens, ouvriers ou artistes , ici évoquée dans la reprise et la réinvention de partitions musicales . Cette référence au musicien instrumentiste rend sensible la façon dont la mécanisation et la domestication des corps instrumentalisent les existences assujetties au pouvoir. En dernière instance, « Bis » renvoie à un principe de réversibilité, au fait que tout e autorité contient la possibilité de son renversement , notamment incarné par des cadres à pivot dont les plaques de verre qui les occupent peuvent être vues des deux faces. Tout en transparence, ces lutrins muraux interrogent la possibilité du double discours comme celle s d’un retournement du point de vue ou d’ une redistribution des hiérarchies. Renvoyés dos-à-dos, dominants et dominés sont alors placés dans un rapport de symétrie, comme si droite et gauche s’indifférenciaient, comme si force et faiblesse pouvaient à tout moment s’intervertir. De la fragilité du génie à l’autoritarisme du dictateur, il n’y a parfois qu’un pas. L’exposition finit par se lire comme un poème dissident qui met la figure du chef à l’index et refuse toute mise au diapason. L’ Ode à la joie , qui la hante, finit même par avoir un goût amer. Au concert désaccordé du monde, Matthieu Boucherit , incrédule et corrosif , pousse alors à la fausse note pour mieux appeler à l’insoumission.
Florian Gaité
Docteur en philosophie, critique d’art, membre de l’AICA
GALERIE VALERIE DELAUNAY
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Horaires d’ouverture de la galerie
Du mercredi au samedi de 12h30 à 19h.
La galerie est également ouverte sur rendez-vous