10/11/18▷03/02/19 – LES SEMENCES – LA CUISINE, CENTRE D’ART ET DE DESIGN NÈGREPELISSE

10/11/18▷03/02/19 – LES SEMENCES – LA CUISINE, CENTRE D’ART ET DE DESIGN NÈGREPELISSE

Programme d’expositions, de performances et de conférences Les semences proposé par Stéphanie Sagot du 10 novembre 2018 au 3 février 2019 à La cuisine, centre d’art et de design, Nègrepelisse (82). 

« Désignant aussi bien le liquide séminal que les graines, les semences portent en germe une vie, aujourd’hui sous contrôle. 
La graine dans sa dimension végétative constitue une sorte d’existence en suspend, cachant derrière son apparence inerte une possible germination, désormais contrôlée par les entreprises de biotechnologies agricoles et les politiques publiques. 
Le liquide séminal est actuellement prélevé, figé lui aussi mais cette fois par la congélation et commercialisé par l’industrie de l’élevage qui dirige la chaîne de cette vie animale. Ces croisements entre le vivant et l’industrie opérés par l’agrobusiness et les politiques agricoles réduisent ainsi au stade de produit ces semences qui portent en elles paradoxalement la stérilité, volontaire dans une perspective de profit et de maîtrise de la production animale et végétale, ou involontaire car conséquente aux divers traitements pesticides et sanitaires. 
Les semences questionne notre place dans cette chaîne. Nous en sommes les héritiers, mais en sommes-nous les derniers vivants ? » 

Stéphanie Sagot 
Artiste associée de La cuisine, centre d’art et de design, Maître de Conférence à l’Université de Nîmes (responsable du groupe de recherche en création située SITé, membre du laboratoire MICA, Bordeaux), artiste et curator. 

 

✦ PROGRAMME ✦ 

Exposition personnelle Qui a mangé Johnny Depp ? de Berclaz de Sierre du 10 novembre 2018 au 3 février 2019 à La cuisine, centre d’art et de design, Nègrepelisse.

Vernissage Le samedi 10 novembre 2018

 

© Berclaz de Sierre_La salle des descendants_La Cuisine Nègrepelisse
© Berclaz de Sierre, « La salle des descendants ».

 

Tout commence le 3 juin 2008. Berclaz de Sierre rencontre Johnny Depp dans un centre de récolte de sperme en Suisse alémanique. Après ce premier et unique contact, l’artiste entame un travail sur le destin de ce taureau abattu en octobre 2008, à l’âge de 21 mois, que son propriétaire avait choisi de nommer comme la star américaine.
Dans une démarche qui tient aussi bien de la recherche scientifique que de l’enquête de terrain, Berclaz de Sierre collecte des informations, rassemble une documentation, des objets, des témoignages qui donnent naissance à d’autres projets artistiques. Le tout forme un «musée» en chantier dédié à Johnny Depp et à ses congénères.
Le projet Qui a mangé Johnny Depp ? fonctionne sur plusieurs registres. Il produit une documentation originale et invite à une immersion dans la vie d’un taureau inséminateur et de sa descendance, et propose aussi un questionnement sur nos modes de consommation, les conditions d’élevage et le rapport à l’animal.
Berclaz de Sierre vit et travaille en Suisse. Il a construit son identité d’artiste en la faisant naître en 1986 à Paris, après avoir suivi l’Ecole Supérieure d’Art visuel de Genève.

Exposition réalisée avec le soutien de Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture.

 

© Berclaz de Sierre_La salle des descendants_La Cuisine Nègrepelisse
© Berclaz de Sierre

 

 

Exposition Eléments de langage / Le nouveau Ministère De L’agriculture du 8 décembre 2018 au 3 février 2019 à La cuisine, centre d’art et de design, Nègrepelisse.

Les semences / « Eléments de langage » / Le Nouveau Ministère de l'Agriculture

« La France a besoin dans dix quinze vingt ans d’une agriculture marquée par sa puissance et son caractère libéral. » 
Jacques Chirac, ministre de l’agriculture et du développement rural, Congrès des agriculteurs des régions de montagne, Clermont Ferrand, 1972.

Le Nouveau Ministère de l’Agriculture a été créé par les artistes Suzanne Husky et Stéphanie Sagot. Elles ont uni leurs intérêts pour l’art, la politique et l’agrobusiness. Ensemble, elles constituent une fausse entité politique visant la prise de conscience. Elles moquent un système qui a fondé toute son organisation sur l’exploitation et l’extractivisme en niant la complexité du vivant et les relations interespèces. 

Quelles que soient les orientations politiques des différents gouvernements, les politiques agricoles se construisent dès le 19ème siècle sur une idéologie productiviste et industrielle dans laquelle le progrès s’appuie sur l’idée d’une nature à exploiter. Pour cette nouvelle exposition, le Nouveau Ministère de l’Agriculture constitue ses Eléments de langage, un lexique pour porter sa politique, et étudie les mots de cette agriculture moderne qui n’a eu de cesse de “rationaliser” la production dans une perspective de développement des rendements et une quête de croissance. Dans cette perspective, il mène des recherches aux Archives Nationales sur les discours des ministres de l’agriculture depuis la fondation du ministère en 1836. 

Des fragments de texte synthétisant de grandes lignes politiques, ou encore des éléments plus anecdotiques prêtant à sourire, sont extraits des discours. Assemblés dans une construction dynamique, ils sont lus et diffusés sous la forme d’une installation sonore augmentée d’une édition permettant au visiteur de se saisir de cette histoire. Classés par ordre chronologique, ils restituent les idéologies et les enjeux de leur époque autour de notions clés telles que la productivité, la rentabilité, l’innovation, le progrès, l’économie de marché, la tradition, la technologie… Si des sujets de bien-être animal, d’environnement ou de paysage viennent progressivement nuancer les propos et ouvrent à de nouvelles préoccupations, écologiques notamment, les lignes directrices mettent en avant un système qui ne se remet quasiment pas en question. Dans ces discours presque exclusivement prononcés par des hommes, la Nature n’est pas envisagée comme entité vivante mais comme une ressource de même que le travail de la femme n’est jamais reconnu, ainsi qu’en témoigne le terme ‘femme d’exploitant’. 

Ces éléments de langage montrent comment des champs de connotation liés à la raison, à la rationalité, à l’innovation et à la scientificité viennent habiller des logiques extractivistes qui, du point vue écologique et social, peuvent aujourd’hui apparaître comme des antonymes en étant irrationnelles et déraisonnables. Souvenons-nous à ce titre que pour Platon la perversion de la cité commence par la fraude des mots.

 

Le nouveau ministère de l’agriculture, l’arbre de la productivité, 2018_La Cuisine_Nègrepelisse
Le nouveau ministère de l’agriculture, l’arbre de la productivité, 2018.

 

La cuisine, centre d’art et de design
Esplanade du château 82800 Nègrepelisse
info@la-cuisine.fr
0563673974