Lena Marie Emrich – Airblade Blues – 03 au 25/05 – Bubenberg, Paris

Lena Marie Emrich – Airblade Blues – 03 au 25/05 – Bubenberg, Paris

Exposition personnelle à Bubenberg de Lena Marie Emrich « Airblade Blues » jusqu’au 25 mai 2019.


Vernissage vendredi 3 mai 2019 de 18h à 22h

Le vieux Paris n’est plus (la forme d’une ville
Change plus vite, hélas! que le coeur d’un mortel);

Charles Baudelaire, extrait du poème Le Cygne

Le changement de forme de la ville auquel Baudelaire fait allusion dans ce poème paru dans les Fleurs du Mal en 1857, est cette profonde transformation de Paris entreprise par Napoléon III et Haussmann. Le Paris médiéval, labyrinthique et selon Victor Considérant « où la misère, la peste et les maladies travaillent de concert, où ne pénètrent guère l’air ni le soleil », fait place à un Paris moderne qu’Haussmann est chargé de mettre en œuvre pour « aérer, unifier et embellir la ville » (cf. Patrice de Moncan, Le Paris d’Haussmann). Or, à ces considérations hygiénistes s’ajoutent d’autres, liées aux nombreuses contestations que la France a connues entre 1789 et 1848. Bien que secondaire – Haussmann en parle à peine dans ses Mémoires, la gestion urbanistique des émeutes et du contrôle social est pourtant une préoccupation réelle dans la politique du Second Empire. C’est ici un point de contact entre le sanitaire et le politique, que Lena Marie Emrich mobilise et développe dans cette exposition.

De cet espace sanitaire dénué de classes, ce que l’espace d’une galerie est peu souvent, Lena Marie Emrich a extrait ces sèche-mains – Airblade Blues. Une lame tempétueuse d’air par laquelle on plonge la main, soumettant sa peau à un vibrant froissement. Le trait d’union entre le sanitaire et le politique est en effet météorologique. Tempête contenue au creux de ces sculptures sur-esthétiques et nommées selon les zones de dépression et d’anticyclone actuellement au-dessus de la France, la météo est ce contexte qui fait littéralement la pluie et le beau temps sur nos vies et qui pourtant échappe encore à la prédiction quantitative à laquelle la statistique et la big data commencent à nous habituer. La météorologie offre un cadre narratif et métaphorique à la pensée politique, qui puisse accueillir une approche différentiée, complexe et pluraliste des problématiques politiques contemporaines, ne serait-ce qu’au sujet du climat. Dans la continuité des Equivalents d’Alfred Stieglitz, ces études de nuages desquels il disait qu’ils étaient gratuits et accessibles à tous, Lena Marie Emrich nous invite à se saisir de ces espaces célestes de démocratie – dont l’artiste a reproduit des occurrences sur les murs de la galerie, ces slogans que les citoyens peignaient sur les murs du Quartier Latin environnant.

Née en 1991 à Göttingen, vit et travaille à Berlin. Elle a étudié au département de sculpture de la Weißensee Kunsthochschule à Berlin et au Studio of Spatial Activities auprès de Miroslaw Balka à la Akademia Sztuk Pieknych à Varsovie.
En 2018, elle était invitée au projet Goldrausch Künstlerinnen à Berlin. En 2015, elle a bénéficié d’une bourse du DAAD pour assister Aflredo Jaar dans son atelier à New York. Elle a exposé son oeuvre dans le cadre d’expositions personnelles et collectives dans musées et institutions, parmi lesquels Kunstverein Rosa Luxemburg Platz à Berlin, Akademie der Künste à Berlin, Kunsthal Bergen, Kunsthalle Osnabrück, Bubenberg, LLC à New York et au Musée des Arts et Métiers de Hamburg.

Bubenberg
14 rue des Carmes, 75005 Paris