[EXPOSITION] 02/09 ▷ 07/10 – Joan Ayrton – Slow Melody Time Old  – Florence Loewy gallery / books – Paris

[EXPOSITION] 02/09 ▷ 07/10 – Joan Ayrton – Slow Melody Time Old  – Florence Loewy gallery / books – Paris

Exposition Slow Melody Time Old de Joan Ayrton du 2 septembre au 7 octobre à la Florence Loewy
gallery, Paris.

vernissage le 2 septembre de 17h à 21h

 

Florence Loewy gallery

« Ce phénomène peut être comparé à un “transfert” de l’artiste au spectateur sous la forme d’une osmose esthétique qui a lieu à travers la matière inerte : couleur, piano, marbre, etc. » Marcel Duchamp, Le Processus créatif

 » Sur les vitrines, des filtres gris. Un gris sombre, déroulant sa couleur-pellicule en cinérama, et dont l’ambré se fait vert profond à l’intérieur de la galerie Florence Loewy. C’est la magie du gris, qui ne ressortit pourtant pas du neutre…
Comment ne pas y songer, cependant ? Le gris neutre, qui permet l’étalonnage des couleurs en photographie, la répartition uniforme de l’encre en imprimerie – ce gris dont la perception varie selon son voisinage. Le gris de l’accord, des accords. […] L’étrange gris sapin plonge l’espace d’exposition dans une pénombre propice à la diffusion du film Searching for an A – une histoire d’accord, d’instrument et de tempérance, précisément. Installé dans le grand salon de la Villa Savoye, à Poissy, un quatuor de musique baroque  joue un morceau composé, via le montage audiovisuel, par l’artiste Joan Ayrton elle-même. Un morceau que les mélomanes connaissent bien, et qui, à l’orée de chaque concert, génère ce léger pincement plein de promesses. L’accordage. Des sons, puis des notes. Et d’autres sons. Une mélodie qui ne s’écrira pas – dont les regardeurs (auditeurs) et regardeuses (auditrices) ne connaîtront en tout cas pas les anfractuosités. Les quatre musicien-nes s’accordent, indéfiniment ; indéfiniment, leurs instruments, dont les cordes sont en boyaux, se désaccordent. Le pincement, familier, à la fois joyeux et inquiet, se prolonge, lui aussi, indéfiniment. Les promesses restent suspendues au fil des longs écrans noirs, des travellings déroulant l’architecture de Le Corbusier, des plans sur les regards absorbés, les mains qui cherchent le la. […] La caméra fait littéralement le tour du propriétaire, aux prises avec cette partition architecturale dont le ruban des fenêtres s’étire à trois cent soixante degrés : d’infinies portées en boucle, à l’instar du film lui-même. L’universalisme ne suffisant plus, le cosmogonique prend la relève. Quelque chose échappe, en effet. Serait-ce le « comma pythagoricien », cette aberration naturelle et mathématique que Joan Ayrton définit comme « un peu de vide en trop, un petit surplus d’espace (infra-mince) que le musicien-ne doit répartir de façon relativement égale entre les notes de la gamme »  ? La dilatation extrême des durées et l’incessante reprise de l’exercice arrachent le regard (et l’écoute) à sa condition. Une plongée s’opère dans cet infra mince que pointe l’artiste : zoom massif dans ce reliquat d’espace-temps qui, ce faisant, devient à son tour infiniment vaste et fourmillant de toutes les durées que l’œil seul ne perçoit pas.
Car la loupe à laquelle Joan Ayrton soumet la matière ne révèle pas seulement sa composition physique, elle rend visible les changements d’état les plus lents et imperceptibles. L’inerte s’ébroue, s’anime – il coule, trace des sillons, change de direction, s’enroule sur lui-même, parfois. On assiste, en direct, à un événement géologique. J’entends craquer doucement, goutter, puis ruisseler. Ainsi de Flow, produite pour l’exposition. Cette impression sur papier s’inscrit dans la continuité des recherches de l’artiste qui redéploie à travers la photographie en noir et blanc de petites (toutes petites : 9 x 12 cm pour la plupart) peintures à la laque glycérophtalique sur métal. Des peintures-matrices qui contiennent l’univers en réduit, des supports aux rêveries les plus poétiques et improbables, à la Roger Caillois. « Le possible impliquant le devenir – le passage de l’un à l’autre a lieu dans l’infra mince. » […] Slow Melody Time Old, petite édition également produite pour l’exposition (et qui lui donne son titre) procède d’une même musique silencieuse faisant sonner les espaces entre – entre les états, les strates, les gammes, les êtres. […] Une ballade hors du temps, à travers quelques clichés pris au musée archéologique d’Athènes. Le regard, bien sûr. Qui traîne, vague et précis à la fois. […] Il s’attarde sur des détails architecturaux, et sur les socles en marbre qui, ainsi photographiés, redeviennent, potentiellement, des papiers trouvés au cours d’un autre voyage de l’artiste, de petites peintures à la laque glycérophtalique sur métal, d’autres marbrures d’autres lieux, d’autres époques. (…) Searching for an A résonne autour de moi, dans la galerie Florence Loewy, mais peut-être encore à Athènes. Il résonne de nombreuses références à l’histoire de l’art, et en particulier à l’art moderne où violons et consorts furent un motif récurrent […] C’est une sorte de chanson de gestes où se disent la petite et la grande histoire. Pas celle de nos vies intriquées dans le cours des choses, pas seulement ; celle de la matière « En grand : en petit. »  confrontant l’échelle du corps aux temps géologiques, celle de ce sol athénien sur lequel s’est édifié le musée où s’exposent des objets trouvés-là, au même endroit. Un vertige, face à la boucle, aux cycles.
Une histoire de mesure et de démesure. Battre la démesure.  » Marie Cantos

 

Florence Loewy books

Roni Horn + selection #4 by Joan Ayrton

Roni Horn, Still Water, SITE Santa Fe, en collaboration avec Lannan Foundation, 2000
Roni Horn, Still Water, SITE Santa Fe, en collaboration avec Lannan Foundation, 2000

 

Roni Horn explore la nature changeante de l’art et de l’identité à travers les médiums de la sculpture, du dessin, de la photographie et du livre. Depuis plus de 30 ans, l’œuvre de Roni Horn est intimement liée à l’Islande tant au niveau de la géographie, de la géologie, du climat et de la culture.
Nous présentons un important ensemble de livres dont la série en cours, To Place (1990-) basée sur la relation qu’elle entretient avec ce pays.
Roni Horn a présenté cette série d’ouvrages comme une introduction à tout son travail.
Les livres abordent les problématiques d’identité, de site et de nature à travers des photographies de paysages, de glace, de roches, d’eaux tourbillonnantes et de personnes. La plupart des photographies sont accompagnées de textes descriptifs, classificatoires ou littéraires.
Le « to » dans le titre transpose le mot « place » en verbe plutôt qu’en nom et la progression des livres suggère que l’artiste se « place » dans ces paysages où la géologie volcanique renvoie à un perpétuel devenir semblable au travail artistique lui-même.

 

Florence Loewy
gallery / books
9 rue de Thorigny – 75003 Paris
t: +33 1 44 78 98 45
www.florenceloewy.com
info@florenceloewy.com

ouvert du mardi au samedi de 14h à 19h

Visuel de présentation : Joan Ayrton Searching for an A, vidéo HD, 6min, 2016 (capture d’écran)
studio GetSound, Villa Savoye – Le Corbusier
©FLC-ADAGP
Images et montage : Joan Ayrton et Virginie Yassef // création son : Charles-Edouard de Surville // violon : Varoujan Doneyan // violon : Boris Winter // alto : Joël Oechslin // violoncelle : Gulrim Choï // stagiaires images : Antonin Dony et Arsène Prat