[EXPO] 04 → 24.05 – Buée sur baie – 6b Saint-Denis

[EXPO] 04 → 24.05 – Buée sur baie – 6b Saint-Denis

Exposition collective BUÉE SUR BAIE du 4 au 24 mai au 6b à Saint-Denis, Grand Paris.

L’exposition BUÉE SUR BAIE sous le Commissariat de Léa Tesson réunit les artistes Louise Aleksiejew, Laurène Guarneri, Antoine Medes, Julia Pitaud, Alice Robineau, Lucas Semeraro, Léa Tesson.

«On constate que l’oeuf n’a pas eu son compte, que l’oeuf au plat n’a pas eu son compte.» (Martin Kippenberger)

On pourrait ajouter, que la poêle qui a servi à cuire l’oeuf au plat n’a pas eu son compte, qu’une des dents en inox de la fourchette qui vient crever le jaune de l’oeuf au plat n’a pas eu son compte. Etc. Que le plus vernaculaire du vernaculaire ne le sera jamais assez. Qu’on aura jamais vraiment terminé de le scruter, de le manipuler et de le reprojeter. Quelque part, un air qui dit que le spectacle est partout, tout le temps, que le formica de la table ne sera jamais complètement ennuyant ou qu’aller chercher le pain qui y mettra ses miettes ne sera jamais complètement décevant. C’est sans doute cela qui sous-tend ces formes dans l’exposition. Des formes, et la main toujours très proche. La main qui a cassé l’oeuf dans la poêle, qui a utilisé la poêle. Mais la même main qui va refigurer cette poêle en lui coupant net sa fonction utilitaire. Ici les objets se dérobent, il y a un truc qui coince. Un genre de résistance, on aimerait bien s’asseoir, mais le verre incrusté dans le plat de la chaise nous le déconseille. Le tain du miroir nous grignote et nous empêche. Comme une nouvelle autonomie de nos anciens accessoires. Un tour joué à l’oeil, qui identifie toutes ces formes familières, mais chaque ustensile est travaillé avec un vocabulaire qui feinte son origine. Ainsi ce coin de salle sera tout à la fois brasserie, atelier de poterie, d’origami ou de taille de bois. Cette autre chaise aux lanières flexibles ne sera jamais assez solide pour nous soutenir. Et ce pan de robe irisé n’aura, lui, jamais la souplesse pour nous recouvrir. Trop petits ou trop gros, trop simples ou trop complexes, le petit décalage qui gène et qui ravit entre nous et ces objets annule mais fait naître à la fois. Comme la buée qui empêche de voir à travers la baie mais devient un terrain de jeu pour le doigt.

Visuel : Laurène Guarneri Trois mondes, mobile monté sur moteur, mirroir, verre noir, verre, 70 x 55 cm, 2016.