01▷30/09 – BENOÎT GÉHANNE – RETENUE – EN CORRÈZE

Exposition personnelle Retenue en 3 volets de Benoît Géhanne du 1er juin au 30 septembre en Corrèze.

Retenue est une triple exposition personnelle de Benoît Géhanne organisée dans les sites des barrages hydrauliques de Bort-les-Orgues, de l’Aigle et du Chastang, en Corrèze, sur une invitation d’EDF.
Retenue, signifie à la fois les retenues d’eaux des barrages hydrauliques qui sont l’objet du travail, et ce qui en est retenu dans les peintures et dessins proposés.

Ce travail a été soutenu depuis 2016 par Chamalot-Résidence d’artistes, en partenariat avec EDF.

Les barrages sont des constructions qui soulignent le paysage de la vallée dans laquelle ils viennent s’inscrire tout en interrompant le regard, comme un écran dressé venant oblitérer le panorama. C’est cette propension du barrage à cadrer le paysage alentour qui a marqué l’artiste. Il a réuni une documentation (prises de vue, dessins) au cours de déambulations sur les sites des barrages EDF de la vallée de la Dordogne, et en consultant les archives départementales de la Corrèze. À l’atelier, il a décidé de travailler ces documents en dégageant les lignes techniques, fonctionnelles, qui se dessinent dans l’architecture de l’ouvrage : la ligne de rencontre de la voûte du barrage avec le lit de la rivière et celle où le béton vient s’appuyer sur la roche, la ligne de crête de la voûte du barrage séparant le plan horizontal du lac et celui, vertical, de l’à pic du tablier, le cintre de la voûte qui contre la poussée de la réserve d’eau, les courbes des déversoirs en saut à ski…

En suivant ce délinéament, Benoît Géhanne a découpé un dessin dans ses documents. Il a travaillé par réduction, par retrait, en élaguant de telle façon qu’au final il reste peu de choses à voir. C’est ce reste qui intéresse l’artiste : les lignes et les formes « retenues » se prêtent à la partition de la surface du tableau ou du dessin par des jeux de plis, de rabattements et de déploiements de parcours, de couleurs et de figures. Benoît Géhanne cherche à provoquer un conflit interne à l’œuvre, entre ce qui est à voir et ce qui ne peut être vu.

Concernant ce projet, B.G. a aussi réalisé des œuvres in situ : une série de cinq peintures murales sur les colonnes de la salle des turbines du Chastang, car la monumentalité de cette salle appelait selon lui une intervention à son échelle. Ses peintures, formes synthétiques ancrées dans un plan, renvoient à la façon dont un barrage s’insert dans une vallée – leurs formes issues d’une portion de disque découpe d’ailleurs une courbe reprenant la forme de la voûte du barrage.

Cette exposition qui se déploie dans les espaces de production industrielle propose donc de faire circuler le regard entre les œuvres elles-mêmes et le contexte dont elles proviennent, et où elles se retrouvent finalement restituées. L’accrochage permet ainsi d’articuler des points de vue sur les architectures des barrages et leurs situations dans le paysage. Au fil des trois sites, l’exposition se parcourt et se pense comme autant de déplacements, de perspectives sur la vallée de la Dordogne et ses architectures monumentales.