Crâne souple, tête entière – Nina Childress, Guillaume Pinard – 19/11 au 18/01 – Galerie de l’École des Beaux-Arts de Nantes Saint-Nazaire

Crâne souple, tête entière – Nina Childress, Guillaume Pinard – 19/11 au 18/01 – Galerie de l’École des Beaux-Arts de Nantes Saint-Nazaire

Exposition Crâne souple, tête entière, Nina Childress, Guillaume Pinard du 20 novembre au 18 janvier 2020 Galerie de l’École des Beaux-Arts de Nantes Saint-Nazaire

vernissage de l’exposition en présence des artistes
mardi 19 novembre à partir de 18h30
Open School Galerie

La galerie de l’école des beaux-arts de Nantes Saint-Nazaire invite Guillaume Pinard qui invite Nina Childress, un tête-à-tête jouissif des images où l’autoportrait et les portraits se contemplent et se lient.

Des tableaux aux extrémités des murs pour prendre en compte cet espace aux angles de vues multiples, forcer le regard à s’attacher aux coins. Séparer les œuvres pour mieux les rapprocher l’une de l’autre.

Les têtes se font face, se détournent sans affrontement, un échange silencieux s’engage avec le spectateur.

Les crânes souples sont aussi contenus dans le bonnet de bain (N. Childress, Autoportrait au pince-nez, 2019) comme dans la rondeur molle et rose du cochon (G. Pinard, Sus scrofa domesticus, 2018).
Pas d’ironie dans ce titre conjoint, une pointe d’humour et une ligne de poésie.

Viennent à l’esprit, comme une évidence, les écrits d’Henri Michaux pour qui la tête fut un motif commun à ses textes comme à ses peintures :
« (…) En attendant, viennent quelques personnages et des têtes irrégulières, inachevées surtout. Tiens ! Pourquoi pas des plantes, des animaux ? Dans tous les inachèvements, je trouve des têtes. Têtes, rendez-vous des moments, des recherches, des inquiétudes, des désirs, de ce qui fait tout avancer et tout combine et apprécie… dessin y compris. Tout ce qui est fluide une fois arrêté devient tête. Comme têtes je reconnais toutes les formes imprécises.(…) »
Henri Michaux, Émergences-Résurgences, Genève, Skira, 1972.

Les tableaux ici présentés ensemble ne créent pas d’histoires, de récits. Elles sont représentations, rapport direct, frontal au sujet sur des formats volontairement petits comme pour resserrer les « prises de vues ». Car il s’agit bien d’image, de cadrage, de zoom où la couleur peinte prend son ampleur, explose, se charge en formes rondes, souples, pleines et entières.

Il faut deviner le peintre pour comprendre l’image (F. Nietzsche), cet accrochage minutieux, voire minimal, nous fait approcher ces deux artistes. Peintres pour qui le dessin (la forme) et la couleur (le geste) sont libérés de toute entrave du sujet, où ce sujet est peut-être simplement ce qu’ils regardent, couchant sur la toile plusieurs degrés de lecture à ces images empreintes d’une actualité parfois désuète ou d’un quotidien starisé.

« Cette tête vit, naturellement. Elle possède sa vie. Elle se jette ainsi des milliers de fois à travers plafonds et fenêtres, à toute vitesse et avec l’obstination d’une bielle. Pauvre tête. Mais pour sortir vraiment de la solitude on doit être moins violent, moins énervé, et ne pas avoir une âme à se contenter d’un spectacle. Parfois, non seulement elle, mais moi-même, avec un corps fluide et dur que je me sens, bien différent du mien, infiniment plus mobile, souple et inattaquable, je fonce à mon tour avec impétuosité et sans répit, sur portes et mur. »
Henri Michaux, Lointain intérieur. Une tête sort du mur, Paris, Gallimard, 1938.

Cette invitation donne lieu à la production d’une œuvre multiple en sérigraphie de Guillaume Pinard, réalisée dans l’atelier impression de l’école avec la participation d’étudiants et de Jérôme Chardon, technicien d’atelier.
Cette sérigraphie sera disponible à la vente chez Askip (café laverie à l’école des beaux-arts de Nantes) dès le 19 novembre à 18h30.

Guillaume Pinard est un artiste français né à Nantes en 1971. Il vit et travaille à Rennes.
Il développe une œuvre polymorphe, où le dessin, la peinture et l’écriture tiennent une grande part.Artiste doté d’un vocabulaire graphique infini, Guillaume Pinard scrute avec une douce ironie les occurrences et les significations cachées dans toutes les formes de discours, en cherchant à vicier les hiérarchies.
Il explore avec délectation tous les supports de la monstration. C’est à partir de ses intérêts pour le dictionnaire, la peinture, et aussi toute forme d’image trouvée sur le net, que l’artiste met en mouvement – au fil des expositions – les bribes d’une narration, les articulations d’un monde éclaté.Guillaume Pinard s’est mué en archéologue de sa propre pratique. Il nous fait pénétrer dans sa boîte crânienne, une soupe de cerveau, éclectique, illogique, agitée. Il ne cesse d’osciller entre prosaïsme et grande référence, entre la pratique du quotidien et la grande tradition.
Guillaume Pinard est représenté à Paris par la galerie Anne Barrault

Nina Childress est née en 1961 à Pasadena (Californie, États-Unis) et vit à Paris.
Elle l’affirme : « Oui, oui, oui, on peut peindre n’importe quoi et j’aurais même tendance à penser qu’il vaut mieux peindre n’importe quoi si l’on veut que la peinture reste un peu excitante.» Son œuvre picturale débutée en 1983 en atteste, l’artiste ne se fixe aucune limite. Après un premier choc pictural à l’âge de 12 ans devant des toiles de David Hockney, elle décide quelques années plus tard d’intégrer les Arts Déco. Très vite, elle quitte cette formation pour vivre pleinement l’éclosion de la scène punk parisienne où elle devient la voix du groupe Lucrate Milk. C’est dans ce contexte culturel undergroud des années 1980 qu’elle intègre ensuite le collectif parisien Les Frères Ripoulin (1984-1988). Avec ce groupe d’artistes, empreints de figuration libre, Nina Childress développe ses premiers travaux artistiques. Dès lors sa pratique picturale n’a cessé de se renouveler et d’embrasser tous les modes de représentation : abstraction ou hyperréalisme, objets du quotidien magnifiés ou autoportraits introspectifs. Sa détermination fait qu’elle n’a jamais cessé de peindre quand bien même le marché délaissait ce médium d’expression. Il n’est donc pas étonnant de retrouver dans ses tableaux, qui mêlent bien souvent humour et provocation, une énergie sincère et franche. Quels que soient leur motif et leur taille, ses tableaux sont immédiatement identifiables par les couleurs saturées et fluos qui les caractérisent. Ses derniers travaux portent essentiellement sur la représentation de figures féminines.
Nina Childress est représentée à Paris par la galerie Bernard Jordan

Open School Galerie
Beaux-Arts Nantes Saint-Nazaire 
2 allée Frida-Kahlo, Nantes 
www.beauxartsnantes.fr

Horaires d’ouverture :
Du mercredi au samedi de 14:00 à 18:00.
Visites accompagnées tous les samedis à 16h.
Visites de groupes, établissements scolaires  sur rendez-vous.