Michèle Katz – Chronique d’une femme mariée – LAAC, Lieu d’Art et Action Contemporaine, Dunkerque

Michèle Katz – Chronique d’une femme mariée – LAAC, Lieu d’Art et Action Contemporaine, Dunkerque

Exposition personnelle Chronique d’une femme mariée de Michèle Katz sous le commissariat de Hanna Alkema au Cabinet d’arts graphiques du LAAC, Lieu d’Art et Action Contemporaine Dunkerque.

Vernissage le 26 janvier 2020

14h00 : Projection du documentaire de Jorge Amat Filles de mai – voix de femmes, de 1968 au féminisme (2019, 94 min)

16h00 : Inauguration officielle en présence de l’artiste

La Chronique d’une femme mariée de Michèle Katz, réalisée entre 1971 et 1975, est constituée d’une soixantaine de dessins au Rotring noir, parfois rehaussés de couleur, dont 63 d’entre eux ont fait l’objet d’un don au LAAC par l’artiste en 2017. Cette exposition constitue la première présentation publique de cet ensemble méconnu, rarement montré, témoin artistique des combats féministes pour le droit à disposer de son corps.

Cette série de dessins « anti-machistes », tels que les qualifie Katz, évoque plus ou moins directement sa vie en tant que « femme mariée » dans le contexte des années 1970 dont elle refuse les normes de genre. Répondant au slogan féministe de l’époque « Le personnel est politique », le quotidien se raconte dans des scènes souvent crues, donnant à voir ce que la pudeur, la morale ou la bienséance bourgeoise se refusent à montrer : l’aliénation du couple, les rapports de force qu’il engendre, l’asservissement de la femme au foyer, mais aussi les menstrues, les organes génitaux et les corps, masculins comme féminins, sans idéalisme. La Chronique n’a cependant rien d’un journal intime ou d’un récit documentaire, les scènes sont déréalisées, empruntant à la dramaturgie d’un Bob Wilson dont l’artiste a vu les créations. Au-delà d’une rupture stylistique en 1974 qui porte ces dessins vers encore davantage d’onirisme, les thèmes abordés et certains motifs reviennent avec récurrence : le contrôle des corps et de la sexualité en particulier féminine, le désir et le non-désir d’enfant, la critique de la famille, mais aussi la violence de l’habitat collectif de la reconstruction et du contrôle policier, etc. Michèle Katz s’est ainsi résolument attachée à coucher sur le papier le refus de la soumission, dans des univers empreints de sensations d’absurde et de solitude.

Née en 1936, Michèle Katz entame sa carrière de peintre à la fin des années 1950, après s’être formée auprès d’André Lhote, dont l’enseignement la marque, puis à l’école des beaux-arts de Paris, où elle est refroidie par la misogynie de ses professeurs. Des allers-retours à New York entre 1960 et 1965 lui font découvrir l’action painting, en particulier la peinture de De Kooning, qui aura une grande influence sur sa production durant cette période. Elle participe aux Salons de Mai, des Réalités nouvelles, de la Jeune Peinture, vend ses tableaux et vit de sa peinture… avant le grand choc de Mai 1968 qui marque une première rupture dans sa pratique picturale. Active au sein de l’Atelier populaire à l’école des beaux-arts de Paris en mai et juin 1968, elle contribue à la création des affiches iconiques du mouvement, puis fut partie prenante du comité du Salon de la Jeune Peinture, lieu du bouillonnement réflexif des gauches artistiques figuratives. Elle cherche dès lors à conjuguer son engagement politique, qui n’est pas nouveau, avec sa pratique artistique. Chronique d’une femme mariée émerge dans ce contexte, où la parole des femmes, minorée durant les événements de 68, commence à se faire entendre. Dès 1973 et en parallèle de son engagement personnel au sein du Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception (MLAC) et d’autres groupes de femmes, Michèle Katz se rapproche des collectifs de plasticiennes féministes comme Femmes/Art ou Femmes en lutte. Ses dessins restent néanmoins largement dans le secret de son atelier, l’accompagnant dans ses pérégrinations, jetés à toute vitesse sur le papier. Un très petit nombre a fait l’objet d’un tirage sérigraphique. En 1975, elle en édite aussi une partie rassemblée dans un recueil titré Histoires de triche, accompagné de textes de Jean-Pierre Bastid, publié aux éditions suisses Zoé. La période des dessins s’interrompt aussi brutalement qu’elle a commencée. Elle devient l’une des première praticienne de l’art thérapie et enseigne dans les universités Paris VII et Paris VIII, et soutient un DEA. La pratique de la peinture reprend le dessus à partir de 1976-1977, marquée par un intérêt nouveau pour les techniques anciennes. Ces nouvelles œuvres sont quasi-monochromes dans des tons de gris, avant que la couleur ne réapparaisse, puis émerge un travail d’empreinte directe sur la toile de corps nus, souvent masculins.

Visuel de présentation : Michèle KATZ L’école, 1975
Collection du LAAC © ADAGP, Paris 2019
photo Ville de Dunkerque Vincent Bijan

LAAC, LIEU D’ART ET ACTION CONTEMPORAINE
302 Avenue des Bordées, 59140 Dunkerque
(infos et tarifs en suivant le lien)