Laurent Tixador – Non-human dark ambient – 05/10 au 08/12 – Programmation L’île d’en face – Centre d’Art de Montrelais

Laurent Tixador – Non-human dark ambient – 05/10 au 08/12 – Programmation L’île d’en face – Centre d’Art de Montrelais

Exposition personnelle Non-human dark ambient de Laurent Tixador sur une programmation L’île d’en face au Centre d’Art de Montrelais jusqu’au 08 décembre 2019

Vernissage le samedi 05 octobre à 18h30

Laurent Tixador est avant tout un bricoleur. Inventeur insatiable, il fabrique, récupère et transforme au gré des opportunités qui s’offrent à lui et en puisant dans son environnement immédiat. Chaque projet d’exposition est l’occasion pour lui d’interroger nos modes de vie ainsi que notre rapport à la consommation et à l’illusion d’une croissance infinie dans un monde aux ressources limitées. Avec ses performances, ses explorations, ses sculptures et ses installations immersives, il ambitionne de réaliser des œuvres dans une économie de moyens certaine.

Au Centre d’art de Montrelais, c’est un voyage sonore et visuel que l’artiste nous propose. À l’aide d’un train miniature sillonnant les espaces d’exposition sur plusieurs dizaines de mètres et activant à son passage des instruments de musique d’un nouveau genre, Laurent Tixador plonge le visiteur au cœur d’une mélodie mouvante et expérimentale.

Ces instruments rencontrés par la locomotive se révèlent être des objets collectés par l’artiste en milieux urbain. Morceaux de bois de platane, douilles de grenades lacrymogènes ou encore boîtes de sardines, le choix de ces artefacts n’est pas anodin et témoigne d’une forme d’engagement politique. Évoquant à la fois un certain sens de la débrouille et du dénuement, autant que le climat social tendu de ces derniers mois, ces éléments se font le miroir d’une certaine actualité en France. Leur statut d’objets trouvés, glanés ou de seconde main les inscrits également dans le prolongement de la démarche écologique dans laquelle se situe Laurent Tixador depuis ses débuts. Le monde déborde déjà d’objets, et l’artiste n’entend pas en ajouter davantage. Par ce geste de déplacement, c’est une forme de résistance humble à la marche du monde et à la consommation de masse qu’il opère. En détournant ces objets de leur fonction initiale pour leur délivrer cette dimension musicale, Laurent Tixador invite le visiteur à se questionner face à son positionnement environnemental.

L’utilisation du son comme médium principal de l’exposition prolonge cette ambition minimaliste. Matériau à faible impact écologique de par son immatérialité, le son permet également à l’artiste de réaliser pour chaque projet d’exposition des œuvres inédites puisqu’elles sont composées au moment du montage lorsqu’il met en place et ajuste entre eux les différents instruments. Pour ses créations, Laurent Tixador se garde en effet de tout anticiper et aime à conjuguer avec la part d’inconnu que lui procurent les lieux dans lesquels il intervient. Nul doute alors qu’au Centre d’art de Montrelais la mélodie jouée par la course hypnotique du train miniature offrira aux spectateurs une expérience inédite, soulignée par la sensation que le non-humain s’anime de manière autonome.

Laurent Tixador_Vue d’exposition Veoacrf_Teretxin_ateliers Vortex_2019
Laurent Tixador, vue d’exposition Veoacrf/Teretxin, Ateliers Vortex, 2019

Laurent Tixador
Né en 1965 à Colmar, FR
Vit et travaille à Nantes, FR
Se couper du monde, creuser un tunnel, organiser une chasse à l’homme : Laurent Tixador provoque des situations aventureuses qu’il raconte avec des objets élaborés dans ces conditions extrêmes.

Toujours au fil de l’aventure, surgissent des œuvres réalisées dans des contextes inhabituels, en dehors de l’atelier pour y puiser les influences et les matériaux du site. Des contraintes économiques de la survie, de la nostalgie et de l’instinct naît une pratique proche du souvenir de voyage. De ses performances loin de tout, Laurent Tixador nous ramène des choses qui sont la matière même de son quotidien. Des expériences qu’il a réalisées ou des objets qu’il a fabriqués par nécessité.

La perte des repères est la chose essentielle qu’il cherche dans toutes ces actions et c’est bien pour ça qu’il ne les répète jamais, pour qu’elles continuent à être déstabilisantes. Il faut refaire à chaque fois évoluer son quotidien à partir de rien, d’une situation nouvelle ou tout est si diffèrent qu’il faut être en permanence attentif à la façon dont on s’organise pour rétablir petit à petit un genre d’aisance. Les habitudes changent, l’ergonomie aussi et au final le comportement. Plaçant toujours l’expérience humaine au cœur de ses préoccupations, il se moque des notions d’exotisme et d’exploit, d’originalité et de radicalité qui ont longtemps prévalu dans l’art occidental. Il incarne ce que Lewis Carroll aurait pu appeler un « non-aventuriers ». Quant à ses travaux, Impossibles à définir, (ils) n’entrent dans aucune catégorie mais en produisant des objets utilitaires, en les privant de leur statut d’œuvre, il suggère une alternative dans le champ du quotidien et remplace le spectateur par un expérimentateur tout en lui parlant de ses différentes activités et de l’importance des enjeux écologiques.

Centre d’Art de Montrelais
19 bis Place de l’Abbaye 44370 Montrelais
Fondée en 2009 par une équipe bénévole, l’association mène une politique active d’expositions, de résidences d’artistes, de médiation artistique. Son travail se développe plus largement grâce à la création d’un emploi de médiateur culturel / intervenant art plastique. Cela a permis de mettre en place diverses actions de sensibilisation en direction des publics et en particulier du public scolaire.

L’île d’en face est une association de commissariat d’exposition engagée dans la production et la diffusion de la création contemporaine. Depuis 2015, le collectif construit une réflexion ouverte sur les pratiques artistiques actuelles et ses modes de pensée par l’organisation d’expositions, la rédaction de textes critiques, la mise en place de projections et de débats. L’île d’en face s’envisage comme un laboratoire vivant et en construction, souhaitant explorer par le biais des arts visuels certaines problématiques liées aux effets de la globalisation : géopolitique, questions territoriales, environnementales et sociales. Dans ses projets curatoriaux, L’île d’en face privilégie une approche interdisciplinaire et souhaite faire dialoguer les arts visuels avec d’autres champs de recherches des sciences et des sciences sociales et humaines.