[EXPOSITION] 18/09 ▷ 14/10 – YOUCEF KORICHI – SEUILS – GALERIE EVA HOBER – Paris

Exposition personnelle Seuils de Youcef Korichi du 18 septembre au 14 octobre dans le nouvel espace de la Galerie Eva Hober, au 156 boulevard Haussmann, Paris.

Vernissage / inauguration le 15 septembre de 18 à 22h.

Youcef Korichi questionne les spécificités du médium pictural en prenant en compte l’histoire de la peinture et ses multiples révolutions. La question technique est traitée en fonction de la nécessité de s’ajuster au sujet choisi. Les notions de cadrages et de hors champ sont centrales dans ce travail ainsi que les notions d’absence et de temps arrêté. L’attention aux surfaces et aux multiples « peaux » que présentent les choses est travaillée selon les sensations tactiles qui leur correspondent de manière singulière.

Pour cette nouvelle exposition, Youcef Korichi retrouve cette approche du détail et du cadrage où l’épreuve de la plongée dans la matière est primordiale. Une découpe de mer agitée, un cadre serré grand format sur un passage piéton avec son caniveau, un morceau de terre recouvert d’herbes, ou ce qu’il nomme volontiers des « écrans » qui redoublent la frontalité de la surface du tableau, sont dupliqués et cristallisés de manière à faire apparaître des pans de peinture pures, qui loin de vouloir illustrer, incarnent et créent la sensation de la chose dépeinte, du motif.

La position picturale déploie ici nettement deux aspects. D’un côté, elle prend à bras le corps la densité matérielle profuse des terrains et des sites proposés à notre regard, vibrant d’innombrables détails, montrant par là ce que peut la peinture, sa puissance d’embrassement quasi philosophale. De l’autre, les terrains choisis et leur traitement en grands formats exhibent ces sites comme des non-lieux pour le regard quotidien. Les plus petits formats, quant à eux, soulignent au contraire la puissance d’intensité et de concentration du regard de l’homme dans certaines situations. Lesquelles ? Justement, il suffit à l’artiste d’indiquer par ce contraste saisissant qu’il existe bel et bien d’une part, certaines de ces situations qui confisquent toute l’attention des hommes et d’autre part, des pans entiers du visible laissés pour compte, ignorés par ces hommes affairés, obnubilés, oublieux. Ces hommes du quotidien négligent alors, peut-être, sans doute, d’essayer de tout regarder, abandonnant les potentialités étendues du regard en tant qu’il est essentiellement humain, c’est-à-dire en tant qu’il est animé par l’appétit de connaître intimement les choses. Le contraste entre ces deux aspects, qui soulève la question de droit et de fait : où se porte le regard de l’homme, avec ses ornières, et où peut se porter le regard de l’être humain, avec ses seuils existentiels encore indéfinis, est le sujet principal des nouvelles pièces proposées par l’artiste.