[EXPOSITION] 12/10 ▷ 13/11 – Pink Panthers – Alma, Espace d’art – Paris

[EXPOSITION] 12/10 ▷ 13/11 – Pink Panthers – Alma, Espace d’art – Paris

Exposition collective Pink Panthers sous le commissariat de Daniela Zuniga du 12 octobre au 13 novembre à Alma Espace d’art, Paris.

L’exposition  Pink Panthers réunit les artistes Andrea Araos, Clélia Barbut, Stella Bierrebach, Larisa Cluzet, Corina Mansuy, Natalia Perret.

Vernissage le jeudi 12 octobre à partir de 19 heures. Performance à 20h.

Pink Panthers fait référence à une bande originaire des Balkans spécialisée dans les braquages de bijouteries de luxe. Réputés pour avoir volé des millions d’euros de bijoux, toujours avec une grande méticulosité, ils sont souvent désignés comme « le gang du siècle », ou « les aristocrates du braquage ». Pink Panthers est aussi la première exposition du collectif d’artistes du même nom, présentée en octobre à Alma espace d’art à Paris. L’opération est pensée comme un braquage : elle commence avec une usurpation d’identité, un tour de passe-passe entre ces criminel.le.s chics et choc, et les six artistes qui composent le collectif. Il s’agit d’abord de viser le bijou et de le mettre en joue, pour le dépouiller de sa préciosité. En jouant sur des stratégies de malversation et de détournement, les Pinks Panthers troublent nos automatismes en matière d’attribution de la valeur économique et esthétique, en même temps qu’elles dessinent des transferts possibles vers des circuits alternatifs.

Que l’on ne s’attende pas à admirer les œuvres pour leur rareté ou leur singularité, car elles sont souvent caractérisées par une fonction de répétition ou de reproduction. Aux originaux et aux exemplaires uniques, les moulages, empreintes et emballages opposent ainsi un statut récurrent d’ersatz et de copie. Avec des pièces en tutoriels ou en pâte à sel, les artistes substituent à la distinction des savoir-faire en joaillerie des techniques amateures, DIY voire disqualifiées. Les matières comme la farine, le plâtre ou les ongles, dépourvues de noblesse, brillent par leur pauvreté et leur banalité, voire leur vulgarité. A la différence des parures, les objets déployés ne se situent pas à la frontière entre l’enveloppe corporelle et sa visibilité : ils collent à la peau, l’infiltrent, incisent le soi et l’altérité. On trouvera un pain fabriqué avec de la farine de caroube, fruit employé historiquement comme unité de mesure du carat (Larissa Cluzet) : l’apparat est ici réduit en poudre et incorporé. Cette exposition est donc une machine désirante dans laquelle des corps étranger.e.s, imposteur.e.s, sont ingérés. Il en est ainsi de la présence fantomatique en 3D qui hantera l’espace de la galerie grâce à des dispositifs de réalité augmentée que les spectateur.e.s pourront activer (Corina Mansuy). La morphologie des Pink Panthers est hybride, elle croise techniques de pouvoir, physiologie, artificialité. Leur féminité, stéréotypée, est celle des princesses Made in China, couronnées par des vestiges de diadèmes en plastique (Stella Bierrenbach) ; ou des femmes fatales, vampires ou cannibales dont les ongles griffent certaines œuvres. L’ensemble des pièces est traversé par de nombreuses formes évidées ou absentes – humanoïdes, spectres, aïeux – produits d’une violence latente, qui évoquent la vacance d’une vitrine brisée et dévalisée.

En multipliant les trous mémoriels et narratifs, les Pink Panthers suggèrent des trajectoires qui bifurquent pour écrire de nouveaux récits. Trajectoires déployées au sens propre d’abord, en marchant : des marches, démarches mises en scène et étudiées comme des habitus, identités incorporées. Ces trajets mèneront vers de minuscules négatifs qui, aperçus à travers des loupes évoquant celles des bijoutiers, apparaissent comme autant de souvenirs-écran (Andrea Araos). C’est aussi au cours d’un cheminement dans le temps qu’on découvrira le rapport qu’entretient Céline Dion aux reliques, à la charnière entre historiographie personnelle et politique (Clélia Barbut). Le propos insiste enfin sur une tension entre savoirs savants, mystiques et domestiques, qui figurée par exemple par l’échelle démultipliée de plantes hallucinogènes en céramique (Nathalie Perret). La disproportion est ici une stratégie de réappropriation mémorielle : les plantes représentant les savoirs indigènes expropriés par les taxinomies coloniales de la botanique. En mettant en évidence les pieds d’argile du géant de la médecine moderne, l’œuvre en appelle au prestige perdu de la pensée magique. Comme le suggère la fragilité de la céramique, les récits imaginés par les Pinks Panthers sont écrits à tâtons, à travers une forme de vulnérabilité. C’est dans cet équilibre précaire que les spectateur.e.s sont invité.e.s.

www.pinkpanthers.fr/
L’exposition fait partie du Parcours Bijoux > https://parcoursbijoux.com/lieux/pink-panthers/

ALMA – Espace d’Art – 5 rue de la Bûcherie 75005 Paris
ouvert du mercredi au samedi de 14h à 19h
et sur rendez-vous : almaespacedart@gmail.com
www.almaespacedart.com