[Exposition] 06/09 ▷ 07/10 – Nature is Back ! – H Gallery – Paris

[Exposition] 06/09 ▷ 07/10 – Nature is Back ! – H Gallery – Paris

Exposition collective Nature is Back ! du 06 septembre au 07 octobre à la H Gallery, Paris.

L’exposition Nature is Back ! sous le commissariat de Jodie Dinapoli réunit les artistes Greta Alfaro, Nancy Friedemann-Sánchez, Dulce Pinzón, Lina Puerta et Ritual Inhabitual

Pour la première fois, H Gallery présente une exposition d’artistes latino-américains et espagnols, dont le curator est une historienne d’art hispano-américaine, Jodie Dinapoli. Nature is Back ! propose une réflexion sur la relation de contrôle qu’entretient la civilisation humaine moderne avec la nature. Les artistes, qui ont des carrières internationales mais sont encore peu connus en France, sont : Greta Alfaro, Nancy Friedemann-Sánchez, Dulce Pinzón dont le travail est actuellement montré au Palais de Tokyo, Lina Puerta et Ritual Inhabitual qui a récemment été exposé au Musée de l’Homme à Paris.

«La vie imite l’art beaucoup plus que l’art imite la vie» – Oscar Wilde, 1889

Vernissage le mardi 5 septembre 2017 de 18h à 21h

Conférence/Débat à la galerie en présence de Jodie Dinapoli, Dulce Pinzón et Ritual Inhabitual, le dimanche 24 septembre 2017 lors de l’événement « Un dimanche à la galerie »

Au premier coup d’œil, nos stimuli visuels donnent un sens aux réminiscences du passé à travers une nature morte baroque, une peinture coloniale espagnole, des dioramas, et à travers l’ancienne technique photographique du collodion humide. Mais en s’appesantissant, nous remarquons un hippopotame en plastique, des top models contemporains et même des drones volants dans un arrière-plan. Le présent commence à s’infiltrer… Au troisième coup d’oeil, une branche qui provient des murs de la galerie apparaît et un regard approfondi conduit à réaliser que la nature présentée est finalement très peu naturelle.

Nature is Back ! propose une réflexion sur la relation, entre mimétisme et contrôle, que la civilisation humaine moderne entretient avec la nature, passant constamment de la conquête à l’exploitation, tout en définissant la nature comme source d’inspiration et comme source de vie. L’exposition Jardins présentée récemment par le Grand Palais témoignait également du retour en force de la nature dans l’art contemporain.

Au XVIIe siècle, soigneusement organisées, détaillées, les natures mortes rappellent au spectateur sa mortalité. Ce sens de «vanités» est référencé dans le film de Greta Alfaro, In Ictu Oculi, où le public devient instantanément le voyeur du sort dramatique d’un repas élégant et élaboré, qui a lieu dans un environnement naturel, alors qu’il est violemment dévoré par des vautours sauvages. La beauté de tout cela est étonnante, surtout lorsque l’on apprend que l’artiste a laissé la scène se produire en son absence, devant sa caméra qui filmait seule, et qu’elle est arrivée le lendemain matin pour capturer, avec son appareil photo, ce qui restait du souper de la veille.

La mise en scène de Dulce Pinzón offre une approche totalement opposée. Dulce Pinzón, dont une œuvre est l’affiche de l’exposition Dioramas au Palais de Tokyo, organise une nature morte, de façon judicieuse, avec la tête d’un adorable bébé-hippopotame empaillée au milieu de figues, d’oranges et d’une version en miniature de son espèce, enfermée dans une bouteille en plastique. La relation troublante entre la vie et le consumérisme continue d’être explorée dans les autres images de sa série «Historias del Paraíso» (Histoires du Paradis). Ces photos, comme celles du Palais de Tokyo, ont été prises au Musée d’Histoire naturelle de Puebla, qui est maintenant fermé. Les rôles sont inversés, les lignes sont floutées entre la mise en scène et ce qui se passe vraiment dans les coulisses, entre le spectateur et le spectacle, entre la vie réelle et une apparence de vie. Le regardeur, qui se déplace parmi les apports visuels aux apparences du marketing, est le seul à pouvoir sentir dans quelle mesure des sentiments réels ou instinctifs, tels que la peur ou la tendresse, sont transmis par les acteurs et les actrices qui posent dans les dioramas.

Après être resté debout devant un appareil photo en attendant d’être immortalisé par un processus ancien qui nécessite un temps de pose relativement long, le personnage photographié par Ritual Inhabitual perd le contrôle de sa propre image et entre dans un état de transe entre la mise en scène et le réel. En utilisant la technique du XIXe siècle du collodion humide pour représenter le peuple Mapuche (Homme de la Terre) dans le Sud du Chili, les artistes interrogent les méthodes ethnographiques qui ont servi à étudier les Mapuches dans le passé. Ils cherchent aussi à créer un documentaire pur de cette culture vivante et de sa relation intrinsèque continue avec les plantes locales, alors que la culture et la nature des Mapuches sont mis en danger par les systèmes de monocultures et par la politique territoriale du pays.

Dans le but d’apporter une visibilité à une ancienne tradition colombienne et au passé historique du pays, les œuvres sur Tyvek de Nancy Friedemann-Sánchez comprennent des fleurs colorées, des fruits et des créatures qui imitent le style de la peinture coloniale espagnole du XVIIe siècle. Dans cette série, Friedemann-Sánchez fait référence à la technique de collage indigène «Mopa Mopa» qui consiste en l’utilisation de résines naturelles colombiennes. Ce travail est un manifeste qui revisite les types de mémoires et le traumatisme de la colonisation, aussi bien dans le passé qu’aujourd’hui. Les bouquets riches, exubérants, et quelque peu indomptés, sont pourtant resserrés, tenus, dans un vase central décoré et sophistiqué. Alors que tout semblait sous contrôle, d’autres objets, d’autres formes apparaissent discrètement en arrière-plan et autour des fleurs, comme autant de références subtiles aux catastrophes naturelles et aux menaces technologiques qui surgissent de manière continue et irrépressible.

Le contrôle, le consumérisme et la fragilité de la vie sont une fois de plus mentionnés dans les travaux sur papier de Lina Puerta, ainsi que dans sa sculpture où des matériaux tels que le béton, la résine, les tissus, les plantes artificielles et les véritables ailes de papillon se lient, s’assemblent pour créer des textures et des formes étranges et combiner le naturel avec un monde fabriqué de main humaine. Sommes-nous seulement capables de voir ce que l’artiste souhaite que nous voyions ? A quel point contrôlons-nous encore notre propre expérience face à des œuvres si ambigües ?

H Gallery
90, rue de la Folie-Méricourt 75011 Paris
www.h-gallery.fr
Ouverture du mardi au samedi de 10h à 13h et de 14h à 19h.

Visuel de présentation : Dulce Pinzón – Nostalgia – Séries «Historias del Paraiso» – 2011 – Photographie – 76,2 x 101,6 cm

Nancy Friedemann-Sández - Cornucopia - 2017 - H Gallery
Nancy Friedemann-Sández – Cornucopia – 2017 – Encre de Chine sur Tyvek – 203,2 x 406,4 cm

 

Lina Puerta - Galaxy 4 - 2015 - H Gallery
Lina Puerta – Galaxy 4 – 2015 – Ailes d’insectes, dentelle et gouache sur papier – 22,9 x 30,5 cm

 

Ritual Inhabitual - Quitral - 2016 - H Gallery
Ritual Inhabitual – Quitral – 2016 – Photographie au collodion humide sur plaque de verre – 18 x 13 cm

 

Greta Alfaro - In Ictu Oculi #5 - 2009 - H Gallery
Greta Alfaro – In Ictu Oculi #5 – 2009 – Photographie – 40 x 50 cm