[EXPOSITION] 02/09 ▷ 07/10 Guillaume Linard-Osorio « Les Courants Parallèles » – Galerie Alain Gutharc

[EXPOSITION] 02/09 ▷ 07/10 Guillaume Linard-Osorio « Les Courants Parallèles » – Galerie Alain Gutharc

« Peindre, contre le fait de ne pas peindre. » (Olivier Mosset)

La Galerie Alain Gutharc présente « Les Courants Parallèles », seconde exposition personnelle de Guillaume Linard-Osorio. L’exposition regroupe une série inédite de dix tableaux, terrain d’une plasticité nouvelle chez l’artiste.

Vernissage le samedi 2 septembre

La pratique de Guillaume Linard-Osorio fait état d’une poétique déconstructionniste, au sens d’une œuvre qui vise à atteindre non pas la linéarité mais une forme plastique du changement d’état, de la transposition, du processuel – un point cardinal de la sensibilité postmoderne résidant dans un engouement pour un paysage mental discontinuiste plus sensible aux perturbations, à l’inattendu, qu’à l’ordre ou l’unité. Après une formation d’architecte, Guillaume Linard-Osorio s’intéresse au médium brut dans sa forme et sa fonction, au processus, à la mutation de la matière, de son degré zéro à une possible narrativité. L’acte de déconstruction, la tentative, l’essai conduisent sa pratique vers un dépouillement, à des formes libérées de toute fonctionnalité, en attente de possible.

Pour ce corpus, Guillaume Linard-Osorio part d’un matériau nouveau, le polycarbonate (premier matériau de synthèse qu’il utilise), et d’un format pressenti, celui de la fenêtre, clé de voûte de tout principe d’habitation. Il combine dans cette occurrence une recherche sur l’essence même de ce qui constitue la peinture : le champ et le hors champ, le châssis dans sa plasticité, le geste, la durée, etc. Maurice Denis définit le tableau comme « essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées ». Le polycarbonate -matériau à double spécificité, la résistance et l’isolation que prodigue le vide qui le constitue – accroché au mur devient la toile. On quitte le ready-made d’un matériau posé au sol pour entrer dans le tableau et ses vibrations.

La fenêtre, issue de souvenirs d’enfance où l’artiste y voyait un père au travail à travers un jardin, est l’interface dedans-dehors. Elle donne sa fonction à l’architecture qui devient pénétrable, elle est aussi le cadre qui définit l’image. Ici, sensible plus que fonctionnel, le polycarbonate découpé au format de la fenêtre matérialise le passage de l’idée à la matière. Ces paysages contenus par cette dernière sont réalisés par injection de résine colorée, dont le dessin se forme par la coulure et le temps. Ni flous ni nets, composés par assemblages de plaques de 4 à 6 mms d’épaisseur disposées en strates, ils renvoient tant à la peinture qu’au cadrage photographique et au paysage, au même titre que les premiers paysages peints en extérieur à l’aube de la Modernité. La fenêtre est l’un des thèmes récurrents dans l’histoire de la peinture. Avec Matisse et Bonnard elle devient métaphore de la peinture elle-même. Klein, lui, affirme vouloir faire l’expérience du vide en sautant du haut d’un muret, imprégnant de son corps l’espace artistique par l’intermédiaire du vide. Si l’œuvre est la transmutation d’un temps en espace, lui aussi habitable, les peintures de Guillaume Linard-Osorio construites du matériau de chantier le plus pauvre mettent en image le rythme respiratoire et sa charge vitale sensible. Les oeuvres nous parlent aussi d’un autre horizon, celui du post-digital (les vert et bleu des paysages renvoient aux agencements de Microsoft, la trame à la diffraction de l’image numérique et à la pixelisation). Ainsi, la série n’est pas sans s’inscrire dans une filiation avec l’op’art et celle d’un d’œil moteur, le contenu proposant de nouvelles modalités de perception. L’usage de la coulure devenue tie and dye, dripping ou rayure (évoquant les travaux de Bridget Riley, Sol Lewitt ou Kees Visser) construit ici une partition chromatique, où dialoguent couleurs chatoyantes et systèmes de lecture en portées musicales.

Si la peinture est le lieu où se scellent l’ici et le maintenant, elle nous raconte aussi le temps de la métamorphose et celui, disparu, d’une mémoire incertaine. Guillaume Linard-Osorio met en œuvre, littéralement, une iconographie de la résistance : ici forme, matière et couleur se trouvent contenues, portées, fortifiées par le vide.
Agnès Violeau

Source : www.alaingutharc.com


Visuel de présentation : Sans Titre, résine sur polycarbonate, 187 x 140 x 4 cm


Galerie Alain Guthac 7, rue Saint-Claude 75003 PARIS

  • Tel: 01 47 00 32 10 – Fax: 01 40 21 72 74
  • Mar-Sam de 11H-13H / 14H-19H