[EXPOSITION] 01/09 ▷ 24/09 – Kirkis Rrose – Név’rose – ΠJAMA Galerie, Paris

[EXPOSITION] 01/09 ▷ 24/09 – Kirkis Rrose – Név’rose – ΠJAMA Galerie, Paris

Exposition personnelle Név’rose de Kirkis Rrose du 01 au 24 septembre à la ΠJAMA Galerie (Pijama Galerie), Paris.

Vernissage le 1er septembre à partir de 16h
Plusieurs visites croisées avec des psychanalystes

Petite histoire du rose

Couleur subversive appropriée par les communautés punk, gay, par la lutte contre le sida et le cancer du sein, puis enfin par la communauté queer, le rose est originaire de l’Iran, tirant son nom de la fleur éponyme, une fleur qui incarne depuis toujours la féminité, depuis ses liens étroits avec les déesses Aphrodite et Hécate, jusqu’à la mode apparue au début du XXe siècle qui consiste à habiller les petites filles en rose.

Lexicalisée assez tardivement, il existe des langues dans lesquelles le rose n’est pas plus qu’une teinte de rouge. Et pourtant, du haut de sa relativement courte histoire, le rose se charge d’une symbolique très précise, catégorisante, et souvent stigmatisante. Charnelle, sa symbolique et son implication dans le vocabulaire en font une couleur du corps, de la peau, de l’intime, du sexuel, et particulièrement du féminin. Synonyme de tendresse, de romantisme et de mièvrerie, il évoque aussi bien l’érotisme que la pornographie.

Sa dimension sexuelle et genrée se retrouve notamment quand il est associé au corps de la femme dont le sexe est rose et dont les plis cutanés de la vulve rappellent la rose. Ou de l’homosexuel, avec ou sans triangle, passif et féminin de fait, instaurant un rapport de hiérarchie et de domination entre un corps masculin et d’autres corps qui ne le seraient pas. Malgré le développement et l’intérêt pour les histoires des couleurs depuis les travaux de Michel Pastoureau et la richesse de ce sujet, le rose, aujourd’hui très connoté, a donné lieu à peu d’études, et aucune ne prend en compte l’ensemble de ses dimensions dans leurs interactions.

Il est des conflits internes que l’on ne sait résoudre, soit qu’on ne sait comment s’en défaire, ou bien parce qu’on s’en accommode. Nos névroses sont ce que nous sommes, et font aussi ce que nous sommes : elles sont un moteur psychique qui nous fait avancer, soit parce qu’on les dépasse, soit parce qu’on réussit à rouler avec.
Source d’angoisse ou de phobie, la névrose a ceci de commun avec le rose qu’on ne saurait y échapper tout autant qu’on s’en passerait bien. Couleur de l’autre par excellence (la femme, l’homosexuel, l’«excentrique»), le rose se remarque par sa capacité-même à être remarqué. Loin de signifier une altérité complémentaire, il est le différent qu’on ne voudrait absolument pas être, et pourtant, il s’inscrit à même notre chair.
En matérialisant par la couleur l’homosexuel, le féminin, mais aussi la maladie, le rose fait apparaître les sources de nos névroses. Il dessine les contours de nos phobies et de nos angoisses. Cette név’rose, c’est une revendication pour tou.te.s, pervers.e.s ou non, du droit d’être névrosé.e, sonder l’inconscient pour en dévoiler les rouages (ils sont roses, c’est certain) et dresser une anatomie de la psyché saine, donc névrosée.
Kirkis Rrose

Dissolution (visuels de présentation)

Pour Maurice Merleau-Ponty, la couleur est « la structure intérieure de la chose manifestée au dehors » (Phénoménologie de la perception, 1945). En recouvrant le corps picturalement, la nature du corps s’en voit modifiée de la surface à ses profondeurs identitaires les plus intimes. Éminemment corporelle, le rose révèle ici sa faculté à sursignifier le corps, jusqu’à en faire disparaître la personne, qui s’efface sous sa fonction subjectile. La couleur comme élément constitutif de l’espace se confond ici avec l’individu qui se dissout littéralement, reléguant son identité au prédicat chromatique.

Név’Rose

L’exposition de Kirkis Rrose à la Pijama Galerie s’inscrit dans la continuité de la ligne éditoriale sur la psychanalyse et l’étude de l’intériorité. A travers Név’Rose, le propos est de présenter de manière frontale une couleur mal-aimée des occidentaux et d’analyser les réactions des regardeurs face à ce fondamental biologique, devenu au cours du siècle dernier un marqueur identitaire des plus clivants.
En se parant, de manière kitsch et criarde, de (presque) 50 nuances de rose, la galerie offre ainsi une expérience immersive pour donner la possibilité de s’opposer à ses propres conflits internes. Orchestrée par un homme, l’exposition propose d’explorer en profondeur la confusion des genres : au sous-sol, l’artiste a eu carte blanche pour créer une installation sans concession invitant à l’expérience généthliaque.
Cette exposition se place donc dans la parfaite continuité des recherches en cours de l’artiste. En effet, dans une période politique tourmentée, où le rose de certains mouvements pro- famille fait écho à la résurgence du triangle rose en Tchétchénie, cette exposition soulève la question fondamentale de la peur de l’atypique voire de la haine de l’altérité.

Kirkis Rrose (29 ans, vit et travaille à Paris)
Kirkis Rrose est un artiste plasticien, également chercheur en doctorat au Laboratoire d’Etudes de Genre et de Sexualité (LEGS), rattaché à l’Université Paris 8. Son travail plastique articule corps et couleur, linguistique et histoire de l’art, études de genres et féminisme, culture queer et culture punk, art conceptuel et body art, et il se construit autour d’une teinte monochromatique peu aimée : le rose.
Le travail plastique de Kirkis Rrose lui sert à la valorisation de ses recherches scientifiques, tout comme ses expérimentations plastiques sur les matériaux alimentent ses théories. Après un diplôme de Master en art à la l’Université Panthéon-Sorbonne où il a présenté un mémoire consacré au corps modifié – explorant le monde du tatouage, du piercing et de la chirurgie pour faire de son corps la pièce centrale de son art – il s’investit désormais entièrement dans une recherche artistique et universitaire sur le rose.
Kirkis Rrose est membre des collectifs BareCare et X et adhérent au Centre Français de la Couleur et de Couleurs Vagabondes – Langage-Art-Société.

Un artiste militant et une galerie engagée

Depuis toujours, Kirkis Rrose s’engage de manière active dans différentes communautés : aide aux travailleuses du sexe, lutte contre le VIH et contre les discriminations LGBT. Pour cette exposition, en concertation avec la galerie (également engagée avec Link pour Aides – Art is Hope), l’artiste a décidé de réaliser une œuvre en sérigraphie, dont l’intégralité des recettes sera reversée à Octobre Rose et la lutte contre le cancer du sein.
Représentant Sainte Agathe, la martyre aux seins coupés, en variation de rose, la sérigraphie a pour but de sensibiliser toujours un peu plus à la lutte contre le cancer du sein et à son dépistage précoce, et créer des passerelles entre art et engagement sociétal.
Marzio Fiorini, artiste brésilien ayant récemment rejoint la galerie apportera également sa contribution en proposant une de ses créations de bijoux en caoutchouc.

ΠJAMA Galerie (Pijama Galerie)
82, rue de Turenne, 75003 Paris
Ouvert du mardi au samedi de 14h à 19h et sur rendez-vous
www.pijamagalerie.paris

Visuels de présentation :

Dissolution #1, Corps, lycra rose
Dissolution #2, Corps, cheveux synthétiques roses
Dissolution #3, Corps, post-it roses
Photographies numériques imprimée sur plexiglas, 45 x 60cm (3 exemplaires numérotés + 2 épreuves d’artiste), 2016