[EXPO] 22.06 au 05.08 – Fred Forest – L’Homme média – Galerie pact Paris

[EXPO] 22.06 au 05.08 – Fred Forest – L’Homme média – Galerie pact Paris

Exposition L’HOMME MÉDIA de Fred Forest du 22 juin au 5 août à la Galerie pact, Paris.

Le vernissage à la galerie se tiendra jeudi 22 juin de 18h à 21h, 70 rue des Gravilliers 75003 Paris.

pact est heureux de présenter la première exposition de Fred Forest dans une galerie française depuis plus de dix ans, qui réunira une sélection d’oeuvres historiques et emblématiques de l’artiste, autour des Space Media, extraits du journal Le Monde de 1972 et du Mètre carré artistique de 1977. Visible du 22 juin au 5 août 2017, l’exposition de Fred Forest à la Galerie pact s’inscrit en parallèle de la rétrospective de l’artiste au Centre Georges Pompidou à Paris, du 12 juillet au 28 août 2017, sous le commissariat d’Alicia Knock.

Fred Forest (né en 1933 à Mouaskar, Algérie) est un artiste français vivant et travaillant à Paris. Autodidacte de l’art et de la communication pour lesquels il se passionne après avoir travaillé dans les télécommunications en tant qu’agent des PTT à la frontière marocaine, il devient dessinateur satirique pour le journal Combat et Les Echos dans les années 60, puis professeur en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université de Nice – Sophia Antipolis. Cofondateur de deux mouvements artistiques historiques : celui de l’art sociologique avec Hervé Fischer et Jean-Paul Thénot (1974) et celui de l’esthétique de la communication, avec Mario Costa (1983), Forest est un artiste multimédia, considéré comme un pionnier de l’art vidéo et du Net Art. Connu pour ses interventions médiatiques à visée politique ou sociologique, comme pour sa critique institutionnelle, Fred Forest est également théoricien de l’art, auteur d’une dizaine d’ouvrages et de nombreux séminaires et colloques. L’ensemble de son oeuvre a rejoint en 2004 le Patrimoine National, au titre du dépôt légal, permettant à plus de trois cents de ses travaux d’être consultables à l’INA.

Ayant fait le choix de rester hors du marché de l’art toute sa vie pour conserver son entière liberté de pensée et de parole à l’égard de celui-ci, Fred Forest, qui à 84 ans a cessé de produire, l’intègre aujourd’hui. Il a choisi la Galerie pact pour représenter l’ensemble de son oeuvre, galerie jeune et passionnée d’avant-garde, de technologies et de techniques artistiques inhabituelles.

Cette dernière mettra en lumière deux de ses actions emblématiques des années 1970 : d’une part le Space media, véritable fresque sociologique initiée par Forest en 1972, qui intègre dans les pages du journal Le Monde (puis dans de nombreux autres journaux et à la télévision), un encart blanc que le lecteur est invité à considérer comme tribune d’expression et à remplir à son gré avant de le renvoyer à l’artiste, pour participer à l’élaboration d’une oeuvre d’art collective ; d’autre part le Mètre carré artistique, qui en 1977 fait d’un mètre carré immobilier une oeuvre d’art vouée à la spéculation -qu’elle met en scène et dénonce.

I. Space-media, 1972

Œuvres ouvertes, les Space Media de Fred Forest sont des machines à impliquer, elles cassent la séparation entre émetteur et récepteur, entre artiste et public. «Au contact du dispositif, les personnes sont aspirées à l’intérieur d’un événement commun, prises dans un processus qui se nourrit de leurs réactions.» « Telle pourrait être la formule de « l’art de l’implication » : susciter l’oeuvre au lieu de l’imposer.» écrit Pierre Levy en 1995.

«Forest a toujours considéré que la «surface» de l’information des nouveaux médias constituait, en elle-même, le lieu idéal et pertinent pour la création contemporaine. Estimant, dès les années 1972, que les symboles de l’art devaient désormais emprunter ces nouveaux circuits et nouveaux supports de création, ces nouvelles technologies de la communication.»
C’est ainsi qu’il initie en 1972 son tout premier Space media, en intégrant un espace à remplir dans les pages du Journal Le Monde (rubrique dédiée aux Arts), un encart blanc sous lequel est inscrit : «Ceci est une expérience. Une tentative de communication. Cette surface blanche vous est offerte par le peintre FRED FOREST. Emparez-vous-en. Par l’écriture ou par le dessin. Exprimez-vous ! La page entière de ce journal deviendra une pauvre. La vôtre.Vous pourrez, si vous voulez, l’encadrer. Mais FRED FOREST vous invite à la lui adresser (4, résidence Acacias, L’Hay-les-Roses-94). Il l’utilisera pour concevoir une « oeuvre d’art média » dans le cadre d’une manifestation de peinture qui soit se tenir prochainement au Grand Palais.»
Forest collecte ainsi des centaines de réponses -allant du dessin à l’insulte en passant par les remerciements et les réflexions philosophiques. Il constitue là une fresque sociologique, un reflet de son temps, une oeuvre humaine et participative. Le Space media est un avant-goût des réseaux sociaux, aujourd’hui première tribune d’expression et fait de Fred Forest un artiste précurseur et visionnaire.

L’utilisation des «blancs» a été déclinée par Fred Forest sous plusieurs formes. Partant de la presse écrite en 1972, les espaces à remplir ont ensuite envahi la télévision avec une minute de blanc sur Antenne 2 la même année, avant de voyager jusqu’à Sao Paulo lors de la XII Biennale en 1973, où l’artiste confie, en pleine dictature, des pancartes blanches, sans aucune inscription, à des passants qui initient alors une marche aux allures de manifestation politique dénonçant la réduction des citoyens au silence et l’absence de liberté d’expression.
À la télévision le 20 janvier 1972, pendant l’émission Télé-Midi, sur Antenne 2, se déroule «Action: 60 secondes de blanc» un Space-Media télévisuel consistant à interrompre la programmation pendant une minute. Quand l’image devient blanche, les téléspectateurs entendent la voix préenregistrée de Forest expliquant : « Attention ! Attention ! Votre récepteur de télévision n’est pas en panne. Vous participez en direct à l’expérience du Space Media. Ramenez le monde à son commencement originel, le blanc pour repartir à zéro, pour recommencer, pour l’inventer comme vous le voulez, espace libre, espace vide à remplir »

II. Le mètre carré artistique, 1977

En 1977, Fred Forest conçoit le projet du mètre carré artistique qui l’amène, dans sa forme légale, à la création d’une Société civile immobilière dite du « mètre carré artistique ». Le projet consiste à réaliser un événement médiatique visant à dénoncer la spéculation, en faisant l’amalgame entre la spéculation dans l’immobilier et celle de l’art. Après avoir fait l’acquisition d’un terrain de 20 m2 près de la frontière suisse, il fait inscrire au cadastre ses mètres carrés dont la société qu’il a créée a fonction de commercialisation. Il publie en France dans Le Monde et en Allemagne dans le journal Die Zeit, une série d’annonces publicitaires qui sont autant de provocations, invitant les lecteurs à investir dans un mètre carré qu’il qualifie d’artistique et de placement, totalement ouvert à la spéculation. Il propose à l’Espace Pierre Cardin la première vente du mètre carré artistique sous le marteau de Maître Jean-Pierre Binoche.

La vente du mètre carré artistique étant interdite par le procureur de la République, Fred Forest, comme parade de dernière minute, lui substitue le «mètre carré non-artistique», en présence de Pierre Restany, grand critique d’art et complice de toujours, avec lequel il effectue la conférence de presse. Ce dernier dit alors à ce propos : « Le fait que je sois lié à la vaste entreprise du mètre carré artistique, montre que pour moi Fred Forest touche à travers cette démystification de l’art, la racine même de l’art. Qui est le fétiche de la beauté, de la beauté qui se vend et qui se vend en tant que telle.

Un mètre carré artistique est avant tout un mètre carré. C’est-à-dire une notion totalement abstraite de la géométrie, celle que justement Descartes pouvait méditer dans le pré où il est né. Et la référence à la donnée la plus simple et fondamentale de la géométrie, le mètre carré, vous donne à réfléchir à ce que l’art en tant que tel peut susciter comme phénomène de compréhension, de compromission, de complicité, de plaisir, de bonheur et de supplément d’âme. Je n’hésite pas à dire que dans ce mètre carré artistique il y a aussi ce supplément d’âme et c’est ce qui donne à toute la démarche de Fred Forest sa valeur sociologique, humaine et poétique.» Après la vente, une large médiatisation accompagne l’événement et conduit Fred Forest à créer dans l’Oise à Anserville à 50 kilomètres au Nord de Paris, le «territoire du mètre carré artistique» d’une surface de 1000 m2 tracés
au sol (soit mille parcelles de un mètre carré). Ce lieu déclaré indépendant par l’artiste, représente le siège d’un gouvernement autonome au sein de la France. Les bâtiments sont composés de plusieurs salles équipées d’installations diverses, nécessaires au bon fonctionnement d’un Etat et à l’exercice de son pouvoir.

L’oeuvre dite du «mètre carré artistique» comprend les parcelles du territoire du mètre carré artistique (impression sur un mètre carré de papier de numéros de parcelles allant de 1 à 20), accompagné du manifeste du territoire, véritable code de lois et mode d’emploi de cette oeuvre conceptuelle. À ces parcelles s’ajoutent les deux annonces parues dans Le Monde en 1977. Ces ouvres seront visibles à la Galerie pact, de même qu’une vidéo interview de Pierre Restany, critique d’art, s’exprimant à propos du mètre carré artistique.

Galerie pact
70 rue des Gravilliers 75003 Paris
Mardi – Samedi de 11h à 19h

www.galeriepact.com

Visuel de présentation (détail) : Fred Forest Space Media, Extrait du journal Le Monde, 12 Janvier 1972 Collage et feutre sur papier journal 50 x 33,5 cm – 19.7 x 13.2 in. Courtesy Galerie pact

 

 Fred Forest M2 321, 1977 Impression sur papier 1 m. x 1 m. Courtesy Galerie pact

Fred Forest M2 321, 1977 Impression sur papier 1 m. x 1 m. Courtesy Galerie pact

 

Fred Forest et Pierre Restany Pendant la Biennale de Venise 1976 Courtesy Galerie pact
Fred Forest et Pierre Restany Pendant la Biennale de Venise 1976 Courtesy Galerie pact