[EXPO] 17.03 au 03.06 – COLLECTION n°6 – Interior and the collectors – Lyon

[EXPO] 17.03 au 03.06 – COLLECTION n°6 – Interior and the collectors – Lyon

Exposition collective COLLECTION n°6 rassemblant les oeuvres des artistes Antoine Donzeaud, Hr Giger, Béla Pablo Janssen, Ella Mievovsky, Clément Rodzielski, Mika Rottenberg, Sandra Vaka Olsen, Zoe Williams du 17 mars au 3 juin à Interior and the collectors, Lyon.

Connu du grand public pour avoir créé le monstre du film Alien (1978), il n’est pas considéré à proprement parlé dans l’histoire de l’art tel un Hector Guimard en son temps. À la fin du XIXème, Guimard a été réduit au seul rôle de décorateur, travaillant pourtant dans un registre large, de l’architecture au mobilier en passant par la peinture, le dessin ou la sculpture. Giger a subit le même sort, un « designer » qui n’a pas sa place au panthéon de l’art. Aucun article consacré à son travail dans la presse spécialisée internationale, juste une citation à propos de l’oeuvre d’Ursula Mayer dans le mensuel Artforum d’avril/juin 2014. Cité comme référence mais pas comme artiste référent, acclamé tel une rock-star dans la musique et dans l’univers des tatoueurs, il est une source d’inspiration pour nombre d’artistes. Il nous a semblé évident de le présenter aux côtés de jeunes artistes avec un ensemble d’oeuvres méconnues. Un dessin de 1978 jamais exposé, une table, des chaises et des lampes aux formes étonnantes. Chaque siège est une pièce unique que l’artiste réalise seul avec son assistant, appliquant lui-même la peinture pour créer des effets de matière marbrée. Le dessin représente une entité fantastique inachevée, peinte spontanément sur la porte du Shepperton Studio de Londres, en pleine genèse de l’univers du film Alien.
Comme la créature iconique, son oeuvre protéiforme est presque entrée dans notre inconscient collectif, une oeuvre totale parcourue par de l’érotisme, des symboles, des formes organiques, des monstres, des passages et des dysfonctionnements. Les artistes invités viennent dialoguer à partir de ces points d’entrée multiples sans obéir à une thématique formelle.

Certaines oeuvres jouent avec la perspective du lieu. Antoine Donzeaud présente une peinture réalisée à partir de la photographie d’une porte puis sérigraphiée sur une bâche trouvée dans la rue. Le châssis partiellement apparent et déstructuré donne à voir à travers, l’impression d’inachevé brouille un peu plus nos repères. Zoe Williams met en scène l’espace avec un imposant paravent irrévérencieux en marqueterie représentant des motifs et des symboles sexuels.
D’autres artistes mettent à jour une forme de dérèglement, Mika Rottenberg filme des scènes répétitives de personnages aux nez démesurément gros, une fiction absurde, drôle et intrigante. Ella Mievovsky est engagée dans un travail obsessionnel à partir de caméras de surveillance et de leurs défaillances. Les images extraites, enregistrées par une caméra au point de vue omnipotent, sont transformées par leur changement de support. Dans cette oeuvre, un corbeau vient perturber la vision. Sandra Vaka Olsen a un approche conceptuelle de la photographie et de la sculpture. Elle interroge les modifications à peine perceptible du corps par les filtres de la technologie. Les oeuvres présentées prennent la forme de maillots de bain, des silhouettes plus ou moins transparentes ou remplies comme des sacs de course.
Le corps, toujours. Scruté, désiré, déformé, ou réduit à des signes. Béla Pablo Janssen dessine trois femmes par un enchevêtrement de lignes, rendant la profondeur de l’image complexe et insaisissable. Les marionnettes de Clément Rodzielski réalisées à partir de faux sang et de peinture à l’huile sont un peu plus grandes que l’échelle humaine et se déploient dans la verticalité de l’espace comme des membres désarticulées. Antoine Donzeaud présente également une vidéo hypnotisante d’une chorégraphie de mains aussi sensuelles que monstrueuses.
La frontière entre le décoratif et l’artistique est souvent problématique, plusieurs oeuvres oscillent subtilement entre les deux. Les visiteurs peuvent expérimenter un peu plus cette brèche obscure, s’asseoir confortablement à la table de Giger en buvant un café.

À propos d’Interior and the collectors :

Interior and the Collectors est un artist-run space foundé en 2011 par les artistes Christel Montury et Fabien Villon qui prennent aussi le rôle de curateurs. Ils ont créé Interior and the Collectors pour mélanger des artistes émergeant et confirmés du monde entier en positionnant l’art dans l’espace habité. Le public est invité dans un espace privé pour montrer des oeuvres dans le cadre intime d’un appartement qui n’est pas dédié à la monstration mais à la vie quotidienne. Ouvert au public tous les samedis de 14h à 19h, l’espace est aussi disponible pour de la location à courte durée permettant une autre expérience avec l’art. Une nouvelle «collection» est présentée chaque année et se tiendra désormais au rythme de 3 par an.

Parmi les artistes présentés figurent Christian Jankowski, Yorgos Sapountzis, Regina José Galindo, Elisabeth S. Clark, Gary Colclough, Megumi Fukuda, Taro Furukata, Jan Koch, Samuel Richardot (2011), Slavs and Tatars, Nicolas Garait-Leavenworth, Alexej Meschtschanow, Renaud Regnery (2012) Gregor Hildebrandt (2013) Alicja Kwade, Anne Neukamp , Wang Du, Fabien Villon, Lothar Hempel, Anne de Vries, Shawn Gladwell, Ella Mievovsky, Marnie Weber (2015-2016).

Interior and the collectors
40 rue Tramassac, 69005 LYON
horaires d’ouverture sam. 14h – 19h
ou sur rendez-vous – entrée libre
www.interiorandthecollectors.com

Visuel : Ella Mievovsky Untitled (crow), 2017
60 x 80 cm, transfert et peinture à l’huile sur toile, vernis.