25/01 AU 30/03 – DE LA PEINTURE – GALERIE ETC. PARIS

25/01 AU 30/03 – DE LA PEINTURE – GALERIE ETC. PARIS

Exposition collective De la peinture réunissant les oeuvres de Martin Barré, Béatrice Casadesus, Claude Chaussard, Jean Degottex, Lars Fredrikson, Albert Hirsch, Max Wechsler du 25 janvier au 30 mars à la Galerie ETC., Paris.

La première exposition de la galerie, « De la peinture », est une introduction au programme prévu pour 2019. Cette exposition collective se présente comme un avant-goût du potentiel de la galerie.

« Notre leitmotiv ? Remettre au centre la problématique de ce que nous appelons la ‘peinture-peinture’, redonner de la lumière aux peintres que nous aimons, à la fois sensibles et minimalistes. », soulignent les galeristes, Pierre-Henri et Thomas Benhamou.

Dans cette optique, la galerie exposera autant des peintres contemporains que des peintres qui ont marqué la fin du 20ème siècle. Les œuvres qui inaugurent les cimaises de la galerie en janvier prochain ont en commun leur souci de l’espace. La plupart d’entre elles apparaissent comme un fragment devenu sensible d’une toile sans commencement ni fin, comme un moment dans un processus de création qui se confond avec la trajectoire d’une pensée et d’une vie. Tous ces travaux rejettent également l’image, lui préférant l’imagination pure. L’image, disait Da Vinci, « dissimule le réel ». Ici, c’est presque toujours le support, c’est-à-dire, le réel lui-même, qui devient l’œuvre, conférant à celle-ci une bonne mesure de vérité. D’autres expositions suivront, alternant entre solo-shows et expositions collectives, elles permettront de faire (re)découvrir des artistes, jeunes ou confirmés et de préciser l’objectif principal de la galerie : remettre la peinture au centre du débat artistique contemporain.

 

Le tableau Zèbre de Martin Barré (France, 1924-1993) vient de loin dans le temps. On pourrait même dire de l’origine de la peinture. C’est pourquoi il prend dans cette exposition figure de paradigme. Les lignes de Martin Barré comme les mains pariétales qui les ont inspirées ne renvoient à aucune action autre que la peinture. Confirmant le caractère fragmentaire de l’œuvre, les obliques franchissent toutes les limites du tableau. Elles s’élancent non vers le monde mais vers la peinture alentour. Seulement la peinture.

 

Sur les grands formats de Béatrice Casadesus (France, 1942), la peinture passe infiniment. Lente. Légère et grave en même temps. Toute entière tenue en surface par une extrême sensibilité. Richesse sans ostentation des couleurs et leur paradoxal mélange par juxtaposition et superposition, héritage impressionniste purifié. Détachement aussi de tout expressionisme et même de toute trace de gestualité. Près de l’âme cependant mais dans une abstraction ardente.

 

BEATRICE CASADESUS_NOX_exposition_DE LA PEINTURE - Galerie ETC_Paris
Beatrice Casadesus, Nox, 2017, Polyptyque acrylique sur toile de lin, 270×180.jpg

 

Claude Chaussard (France, 1954) va très loin sur ce plan. Outrant l’univers minutieux que crée sa sensibilité extrême, il tord le bras au temps lui-même pour le rendre au moins en un cas réversible.
Il peint avec une huile crue sans pigment, sur de l’acrylique ou du vinyle blancs. L’huile demeure vivante c’est à dire qu’elle change, vieillit, s’efface, créant à chaque instant une œuvre nouvelle puis meurt et disparaît au bout d’un an ou deux. 

 

CLAUDE CHAUSSARD - Carbone C15 DE LA PEINTURE_Galerie ETC_Paris
Claude Chaussard – Carbone C15-15 Transfert sur carbone – 27,3x19cm – 2017

 

En 1965, dans Connaissance des Arts, André Breton parle de Jean Degottex (France, 1918-1988) comme l’un des peintres les plus importants « apparus depuis la guerre ». Il ajoutait « Sur le plan de la liberté nul ne l’a surpassé ». On le classait alors parmi les peintres gestuels aux côtés de Mathieu. Or il en était très loin. Sa recherche était et demeura jusqu’au bout celle du vide. Peu à peu elle se libéra de toute gesticulation puis de la présence même du sujet.

 

Lars Fredrikson (Suède, 1926 – France, 1997) dont l’importance créatrice rivalise avec celle de Malévitch commence à peine, 20 ans après sa mort, à intéresser les institutions. Peintre passionné par le cosmos il parvient à recueillir à la fois les sons et les traces graphiques des pluies d’atomes. Dans l’une des toiles, vide si l’on excepte quelques frôlements, quelques événements furtifs à peine visibles, une ligne partie du bord gauche tente de braver l’interdit du centre, d’affronter sa force d’attraction- répulsion. Voyant qu’elle risque ce que risquent les étoiles passant au large d’un trou noir, elle fait retour avec la violence d’un fouet.

 

Lars Fredrikson, Autoportrait_DE LA PEINTURE - Galerie ETC_Paris
Lars Fredrikson, Autoportrait

 

Albert Hirsch (France, 1940) n’a pas la sècheresse d’un Carl André, Donald Judd ou LeWitt d’abord parce qu’il utilise la courbe et non la droite, ensuite parce que ses travaux entretiennent moins un rapport avec l’espace qu’un rapport avec la nature. Eux s’efforcent de rendre l’espace autour d’eux abstrait, lui accueille à bras ouverts la nature, les lumières et les ombres qui font oublier son économie formelle, son abstraction extrême.

 

L’œuvre tout entière de Max Wechsler (Allemagne, 1925) semble avoir pour objet la confrontation entre le vide et la lettre. La lettre sans déterminations, la lettre illimitée considérée dans le mystère et le rayonnement de son existence nue. Les grands lés noirs aux reflets d’ardoise que Max Wechsler assemble et laisse flotter, ne disent rien. L’œuvre, d’habitude, parle très bas, même si c’est avec des lettres qui se taisent. Façon, bien sûr, de dire l’indicible sans entraver la vie.

Visuel de présentation : Jean Degottex, Report deux tiers terre noire, 1981, 290x195cm, acrylique sur toile

 

Galerie ETC.
28, rue Saint-Claude – 75003 Paris
Horaires d’ouverture. 11/19h, du mardi au samedi