David de Tscharner – VIDA LARGO OCTOPUS TREND – 30/11 au 11/01 – Galerie Valeria Cetraro Paris

David de Tscharner – VIDA LARGO OCTOPUS TREND – 30/11 au 11/01 – Galerie Valeria Cetraro Paris

Exposition VIDA LARGO OCTOPUS TREND de David de Tscharner du 30 novembre 2019 au 11 janvier 2020 Galerie Valeria Cetraro Paris

vernissage le samedi 30 novembre 2019

“Can they preserve us ?”
“And spare men they haven’t got either ?”
“Well, don’t we have spare things for everything ?”“Isn’t it a shame ? ” Günther ANDERS, « L’obsolescence de l’homme. Sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution industrielle », 1956

Dans les années quarante, Günther Anders rend visite à un ami atteint d’une maladie incurable dans un hôpital californien et relate ses derniers mots. Spare man. Le malade voudrait avoir un double de rechange, il aimerait être échangé contre un autre (mais le même) comme une ampoule lorsqu’elle est périmée. Dans son essai « L’obsolescence de l’homme », le philosophe allemand pose la question de notre honte d’être mortels – de ne pas être des machines.Polyuréthane, plexiglas, polystyrène, résine incarnent autant de matériaux qui se mélangent pour donner les objets non identifiés de David de Tscharner. Tel un parfum qui anime les sens ou un plat qui émoustille les papilles et dont le créateur conserverait précieusement le secret, la recette nous échappe. L’artiste glane des objets en tout genre, assemble l’Ancien et le Nouveau, les matériaux mutent, deviennent greffes. L’apparition de la machine et d’artefacts industriels dans l’univers du sculpteur crée une tension et génère du sens ; la rencontre a lieu. La chose prend des allures animales, anthropomorphiques. Tout se passe comme si de Tscharner avait inversé les spare men de Anders en machines mortelles, définitivement humaines. Le hasard est une variable nécessaire. Le protocole est précis, rigoureux mais le résultat tient de l’accident. Pièces détachables toujours, les parties s’émancipent, libres, autonomes. L’artiste propose, l’artiste invite. Rien n’est figé, l’œuvre à tout moment se recrée, se réinvente, se recompose. Situées quelque part entre Crash de Cronenberg et Tomorrow never knows des Beatles, ses sculptures sont des combinatoires, des samples qui s’imbriquent et se superposent, des jeux de LEGO. L’artiste joue avec le visiteur comme il joue avec les matières, les formes, les couleurs. Mais est-ce vraiment un jeu ? Est-ce une cafetière ou est-ce un souvenir de cafetière, un organe, un animal, que sais-je, une espèce qui en conserve les traits mais ne répond plus à ses fonctions ? De Tscharner fausse les pistes, dissimule les traces sur son passage. Ses sculptures sont les fossiles d’un temps révolu où les appareils étaient encore utilisés, fonctionnels. Désormais, l’outil est mort. Reste le champ, après la bataille.Elton Chile Freezing Canopée. Mots-plastique, mots-chair, mots-résine. A partir de 400 mots récoltés dans des catalogues de salle de bain, de décoration d’intérieur et d’électro-ménager, l’artiste crée un code oulipien * , une base de données dont le matériau est le langage industriel et commercial. Détourné, ce code pur donne naissance à une pièce sonore dont la programmation peut créer jusqu’à cent millions de haïkus. Le mode aléatoire et discontinu de la diffusion laisse des blancs qui participent du caractère fantomatique de l’œuvre, de sa fragilité, de son humanité.Est-ce un rêve ? Objets domestiques ou dérivés en pleine mutation, l’artiste nous livre un univers post-apocalyptique, à la fois proche et lointain, fait de quotidien et d’inquiétante étrangeté. D’objets non identifiés, les formes deviennent reconnaissables par le biais de ces restes de choses. Tout est mis en place pour laisser la vie pénétrer l’objet et lui donner corps. Joachim Olender * L’Oulipo ou Ouvroir de littérature potentielle, fondé en 1960, est un groupe international de littéraires et de mathématiciens qui se réunissent autour des notions de « contrainte » et de « littérature potentielle » afin de produire de nouvelles structures destinées à encourager la création. 

Galerie Valeria Cetraro
16, rue Caffarelli, 75003 Paris