Corine Borgnet – Le Dernier Souper – 18/12 au 01/02 – Galerie Valérie Delaunay, Paris
Exposition personnelle Le Dernier Souper de Corine Borgnet à la Galerie Valérie Delaunay, Paris jusqu’au 01 février 2020.
Vernissage mercredi 18 décembre
Proposer un « dernier souper » à l’approche des agapes de Noël, voilà une bien curieuse reprise de la tradition. LE DERNIER SOUPER : le titre de cette nouvelle création de Corine Borgnet, une table dressée au cœur de la galerie Valérie Delaunay, fait indéniablement référence au dernier repas du Christ et des apôtres, qui eut lieu à Pâques.
Paul Ardenne, écrivain et historien de l’art.
Confusion dans le calendrier ? Détournement plutôt, comme y excelle Corine Borgnet, artiste de la remise en jeu permanente et des dérapages esthétiques.
Le « dernier souper », cette fois, anticipe Noël et la naissance du Créateur. Serat-il l’occasion de festoyer ? Quiconque approche l’œuvre d’assez près en doutera, toute espérance ruinée.
Sur la table, divers éléments de vaisselle invitent le spectateur à la fête : des assiettes, des couverts, des verres, bref, une généreuse promesse de combler l’appétit. Cet appétit, le déçoit et le déprime cependant la facture même de ces différents artefacts. Le matériau utilisé par l’artiste, de la Jesmonite, une résine poreuse et beige, donne à l’ensemble un aspect ossifié, sorti du temps trop long de l’Histoire et fleurant l’atmosphère des cimetières. Comme si la mort, en amont, avait frappé déjà, obligeant les convives éventuels à déserter ventre-àterre. Que la fête recommence ? Sur la table, des insectes semblant composés au moyen de déchets, eux, sont passés à table.
Superbe et intrigant univers de beauté raffinée que celui-là. Mais l’artiste, à dessein, le réduit à une forme ambiguë. LE DERNIER SOUPER marie le haut et le bas, l’espoir et la mort, la faim et l’impossibilité d’accéder à une nourriture flattant nos estomacs, tandis que prolifère une invasion de cafards ou assimilés. Le désir veut mais la réalité, cette fois, refuse.
Donner et reprendre, unifier le sublime et le sentiment de la perte, tel est l’esprit qui préside à cette cérémonie et à l’esprit de faste. Le dernier souper serait-il celui, allusivement, d’un monde de la surconsommation à bout de souffle, condamné ?
Nourritures terrestres, nourritures célestes – vous n’avez plus de matière.
Visuel de présentation : The last supper (détail), 2019, os et Jesmonite, dimensions variables (photo Atelier Find Art)
GALERIE VALERIE DELAUNAY
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